l'engagement sensible
Hier, Luca est venu me retrouver avec de quoi improviser une petite revue de presse, excellente idée, cela me fatigue de lire les journaux sur mon écran. Pendant qu’il jetait un œil à son courrier électronique, j’ai préparé de quoi aller déguster une salade dans un des parcs tout proche.
Nous sommes passés chercher Marta, qui n’était pas chez elle, nous lui avons donc fait part de nos plans par téléphones interposés.
Le parc avec les animaux, a-t-elle demandé, non, celui avec les cas sociaux, ai-je répondu ; on se sentira dans notre élément, aurais-je pu ajouter.
J’aime bien cette ambiance joyeusement décalée, j’aime bien quand le type de la table d’à côté parle dans le vide, quand un autre, s’inquiétant de savoir si nous sommes Italiens, à qui nous répondons que non, que nous sommes Bulgares et Roumains, nous apprend qu’il sait comment demander une gâterie dans la langue de Ceausescu; tout content le gustion.
Les nouvelles ont caressé l’économie dans le sens du poêle, bien des petites gens qu’on continue de faire rôtir, sans oignons, mais avec beaucoup d’huile.
Un connard, vous excuserez cet écart de langage, mais il y des fois où il faut ce qu’il faut, un sombre connard, donc, qui explique sereinement que « toute réforme des systèmes éducatifs et de santé doit avoir pour objectif de maximiser le potentiel de croissance de l’économie ».
10 ans de vie permettrait de gagner un point de PIB ; même le traitement de la maladie d’Alzheimer est envisagé dans cette seule optique.
Juste à côté, encart du jour dans « Le Monde », « Les cahiers de la compétitivité, spécial seniors ».
Elle est pas belle notre information ?
Dans le numéro d’avril du « Matricule des anges », le dossier principal est consacré à Marie Cosnay, « L’engagement sensible » est écrit sur la couverture.
"[...] Il n'y a toujours pas beaucoup de différences pour moi entre lire et écrire. Avec traduire, c'est le même geste, le même désir, la même pulsion vers... Je me dis que je suis amoureuse des livres, de quelque chose d'intellectuel qui est devant moi, qui serait à savoir un jour. Ça donne beaucoup de joie ce sentiment."
On y trouve ceci, aussi, sous le titre « juste quelqu’un de bien ».
Engagement sensible. Engagement sensible. Engagement sensible.
Trois fois, comme une sorte d’exhortation pour sortir de ce système qui a définitivement pété les fusibles.
Allez, je retourne manger ma salade vers les cas sociaux, avec un bouquin; et une immense envie de solidarité dans l'humour.
Libellés : Pensées vagabondes
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