tellement d'impossibles qui s'effacent
A quelques mètres, on les voit passer de temps en temps, les Elevadores da Bica. Depuis en haut, c’est une des ruelles les plus connues de Lisbonne, figées qu’elle est sur bien des cartes postales. Ceux qui la descendent dans un de ces petits véhicules jaunes où rayonne un peu de l’âme lisboète se retrouvent déposés à quelques enjambées du Tage.
Derrière nous jouent au foot les deux petites filles qui, un peu plus tôt, avaient laissé leurs silhouettes se découper dans une des fenêtres qui nous surplombent.
S’accompagnant à la guitare, un des habitués pousse la chansonnette, les voisins donnent le tempo, hasardent leur voix aussi.
Nous laissons des frémissements de bonheur pur envahir chacune de nos respirations ; enlacés par l'instant, le verbe trébucher semble ne plus exister ; le mot productivité pas davantage; nous buvons à la santé de toutes les paroles tellement plus fabuleuses, celles qui scintillent dans les pupilles, qui frétillent sur la langue ; qui glissent le long de mon bras pour se déposer sur vos écrans.
Océan, étoiles, Moscatel, …
« Vous la sentez, là, Lisbonne qui se répand dans tout votre corps ? » demande Maxime à Luca et PO, les deux colinets de passage.
Maud et moi sourions. Nous savons, oui, il y a un moment que nous savons combien cette ville s’immisce dans vos entrailles, avec quelle douceur elle souffle sur vos entailles ; sable émouvant où, très vite, on se retrouve pris jusqu’à la taille.
Pas embourbés, non, mais embrouillés, oui, embrouillés, tellement d’impossibles qui s’effacent.
Caressé par la musique, je me dis qu’il y a une semaine que j’aimerais écrire sur la « trace », comme m’y invitaient Benoît et Marie-Chrsitine, mais Luca a débarqué, appareil photo et cœur en bandoulière, prenant un malin plaisir à détraquer mon rythme de pépé.
J’y pense et je souris, je nous revois, quelques jours plus tôt, jouer au foot avec trois petiots, sur la plage ; défilent également dans ma tête quelques unes des images découvertes l’après-midi, pendant que nous parcourions l’exposition « Archive universelle – Le document et l’utopie photographique ».
Des traces, à emprunter, à éviter, à dessiner.
S’accrochent à mes paupières tous les livres, manifestement composés de poussière, découverts près de la place de la joie, dans une sorte de grenier donnant sur le jardin botanique ; tous ceux que j’ai lus, aussi, et dont souvent me restent surtout des impressions, des odeurs et des couleurs.
Tracer, tisser, tresser.
"Tends avec grâce de petites trousses de survie à ceux guettés par la détresse, et refuse qu'on te mette une laisse, ne prétends à rien d’autre", me murmure à l’oreille
Libellés : Pensées vagabondes, Photos
3 Comments:
Je ressens Lisbonne par ce texte. Je souhaite revoir un jour les beautés que la Saudades portugaise à laisser derrière elle.
Celle-ci est d'ailleurs quelque part entre les lettres de tes mots, entre les phrases de ton verbe.
Je m'y retrouve. Je pense pouvoir vivre comme Portugais à Bergen avec la Saudades dans l'âme. N'attendant rien, mais se laissant vivre.
Merci pour ces réjouissances.
Sincèrement,
Alex
Bonsoir glissé entre les sillons...
Ce questionnement sur la trace me permet d'orienter ma quête à la croisée de nos parcours respectifs.
* J'ai deux enfants et deux petits enfants. Cette trace-là s'inscrit dans le prolongement des racines.
* Aujourd'hui, le vent d'ici a laissé une trace sur les trottoirs en échevelant les glycines encore attardées sur les palissades. La vie se plaît à tatouer les paysages, tous les paysages, inclus celui de notre âme.
* Peinture, écriture, poésie, sculpture et musique laissent une trace que le temps immobile et pérenne n'efface pas nécessairement.
* Je laisse une humble trace infime au bal masqué des pseudonymes sur quelque blog avant de rejoindre ma gondole.
OUI MAIS, là, j'approfondis, j'envisage la trace en existence au plus profond de soi-même, celle que nous devons porter en espace au quotidien auprès des autres, là où nous devons accomplir notre chemin.
Nous devons ÊTRE notre propre trace de vie personnelle en la faisant EXISTER intensément à visage découvert.
Comme le peintre Michel RAUSCHER l'exprime si simplement dans son dernier ouvrage "Voyage en terre humaine" au chapitre "Messages du coeur" :
Les regard se croisent, purs et tendres. Moments magiques. Être deux, une famille, des amis -la relation crée la confiance. Une main dans une main- image du bonheur et de l'amour qui fait vivre l'homme. Le plus précieux des cadeaux que nous offre la vie.
La nourriture de l'âme, du coeur qui exulte. Amour et amitié, essence de vie. Le coeur vibre.
Voilà où votre quête semble révéler mon cheminement. Merci ainsi qu'à Benoît.
Marie-Christine Touchemoulin
J’admire les pensées inspirées, les paroles attentivement choisies , souffle d’une veine poétique,
Beauté incontestable d’une âme tendre , très raffinée..
La poésie , je l’adore ! Les nobles intentions , je les partage !
Ce que je veux dire pourrait et semblerait assez grossier , trop prosaïque , mais formé en moi depuis longtemps , fruit d’une longue expérience de vie ( sans la prétention d’avoir raison )
La trace .
qu’on tresse et laisse dans les cœurs des autres , la PERSONNE la plus simple , la plus
humile , celle dont la vie n’accord pas la moindre soif , ni l’ idée d’ une noble quête , ne lui laisse pas de temps , l’espace de s’occuper de cette dernière , de la poursuivre , en même temps restant complètement inconsciente sur l’ impact que
sa trace aura sur les autres .
Penser à l’ ’immortalité. ? Qui peut croire à une absurdité pareille ?
Cette trace unique est indélébile.
Car
c’est la vie , plus forte que tout , qui l’ a creusée .
( Dédié à Eugénia Munez Lacasta )
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( Trouvé récemment le poème IF de Rudyard Kipling - même si on peu le considérer trop banal , assez rethorique - lu ensemble -
en une excellente traduction de G. B. Cherchevsky
(……………)
« If you can dream and not make dreams your master.
“ If you can think and not make thoughts your aim …”
Si tu aimes rêver sans t’asservir au rêve,
Si aimant de la pensée, tu n’en fais pas ton but.. »….
(……….)
Cordialement ,
j.
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