katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

vendredi, mars 27, 2009

processus d'identification








Ils allaient pêcher dans les îles Kerkennah, alors quand ils revenaient au bled, à Teboulba, on avait pris l’habitude de les appeler les Kerkeni.


Ils, les Megdich. Puis l’administration, la recension s’est généralisée, il a fallu « officialiser » le nom, le « sanctifier » par un papier. Ce n’est pas vieux, même pour Bourguiba, père de l’Indépendance, il y a un flou artistique quant à sa date de naissance.


Ils ont opté pour Kerkeni, pourquoi pas, après tout, c’est sympa Kerkeni.


C’est l’ambassade suisse qui est venue glisser un « a » dans cette histoire, puisque c’est ainsi que se prononce la première voyelle.


Je ne connais pas la part de vérité, dans cette version de mon patronyme, je ne sais même plus qui me l’a racontée, d’ailleurs. Mais je la trouve « bonnard », alors j’aime bien en faire part.


Du côté helvète, c’est tout aussi romanesque, voire davantage, mais nettement moins convivial.


Il y a une personne qui perd la vie par l’intermédiaire d’un couteau, dans les années 30, celui qui portait, et de ce fait aurait donné, le nom ; et une qui termine en prison. Comme on ne laisse pas un enfant grandir avec sa maman, si elle se trouve derrière les barreaux, celui qui allait devenir mon grand-papa est adopté.


Donc changement d’appellation d’origine.


Répondant au nouveau nom qui entre alors dans la danse, Gudit, je ne connais guère que ma maman, ma grand- maman, mes deux oncles, leurs épouses, et leurs enfants.


Je sais qu’il est marqué sur beaucoup de tombes, dans un cimetière assez petit pour être caché par un arbre, à Arrissoules (oui, ce village existe).


Dans cette histoire non plus, pas la moindre idée de ce qui est affabulation. Un temps, on m’avait dit que mon arrière grand-père travaillait à la SDN, cela s’est depuis avéré inexact, seule rectification apportée à ce jour.


Je pensais à cela, dans mon lit, hier soir, je me demandais, suite à un échange avant d’aller me coucher, si je ne m’étais pas plus « réalisé », ou en tout cas exprimé, en tant que Katch, que ce soit balle aux pieds, ou mots et amour des livres en bandoulière, qu’en tant que Karim.


Que représente mon nom ?


Quand je me penche sur cela, le cerveau tordu que j’ai ne peut s’empêcher de faire affleurer à la surface des propos entendus, sur la transmission du nom, qui m’indisposent grandement.


Lors de discussions où l’homosexualité entrait en question, même des personnes très « ouvertes », m’ont expliqué qu’elles auraient de la peine à l’accepter, de la part de leur fils, si elles n’en avaient qu’un.


Parce que tu vois, la famille ne continue pas vraiment.


Non, je ne vois pas, je dois dire, la lignée, la descendance, cela m’horripile au plus haut point.


On ne parle plus tellement d’identité, ou alors on a conscience qu’il faudrait de préférence ajouter un « s » à la fin, pour indiquer combien il s’agit là de quelque chose qui est, peut être, pluriel. On utilise plutôt le concept de « processus d’identification ».


Cela insiste sur le fait qu’il s’agit d’une représentation, de soi, des autres, qui est en évolution permanente. L’existence, à soi, aux autres, comme élément dynamique, pas figé.


Je ne comprends pas vraiment dans quelle mesure les termes de « crise » ou de « récession » opèrent, au quotidien, en dehors de la peur permanente sur quoi le socle de notre société semble construite ; mais j’ai l’impression qu’en se penchant davantage sur sa personne, sur son être au monde, malgré toutes les questions qui restent à jamais en suspens, on accepte mieux son insignifiance, et, si enfant il y a, on ne le considère pas comme le prolongement de sa vie, plutôt comme une pelote de rêves que l’on aidera à démêler, si le petiot en a envie ; en refusant absolument la position de celui sait, et donc dicte.


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6 Comments:

Anonymous Anonyme said...

EN GARDE !

ATTENTION !

Eloignez-vous si il y un danger de vous trouver

entre les légendaires sabres que les hommes magnifiques du désert brandissent
avec orgueil ( même le turban fait impression.. . ) et

le fameux couteau Suisse , le meilleur du monde , on dit , comme le chocolat ..

Romanesque ? ??? !


Ah !!!!

Merci !


Melilotus , cœur de lion

27 mars, 2009 11:52  
Anonymous Janeczka said...

C'est marrant (non pas vraiment mais...) j'avais justement une discussion avec une amie sur la genealogie, d'ou nous venons...
Bien sur j'aimerais en connaitre plus moi aussi, mais je sais que ce ne sera jamais completement possible.
Et puis, je prefere m'occuper des vivants - je cherche mon pere - que des morts. Il y a toute une partie de ma famille que je n'ai jamais vu... plutot que de fouiller dans le passe, pourquoi ne pas se tourner vers l'avenir?

Quant a l'homosexualite, je ne vois pas en quoi etre un homme gay serait different d'etre une femme homosexuelle ou - comme moi - une femme qui ne veut pas d'enfants.
Faut-il vraiment se reproduire a tout prix dans un monde deja surpeuple...? bien sur cela amene d'autres questions...

Je ne comprends pas pourquoi on devrait se faire 'condamner' pour ne pas pouvoir/vouloir entrer dans la norme.

28 mars, 2009 17:51  
Blogger helenablue said...

Il me touche beaucoup votre texte , Katch , sans doute parce qu'en partie je m'y retrouve.
Avec toute mon amitié .
Hélèna

30 mars, 2009 10:17  
Anonymous Anonyme said...

Endosse ton nom
Comme l'escargot sa maison
Porte-le en voyage
Comme l'escargot conduit
Oublie son poids en chemin
Comme l'escargot transpire
Propulse-toi dans la spirale
Comme l'escargot écrit son vivant
Avec les fils de lumière
Anime ton nom

Marie-Christine TOUCHEMOULIN

30 mars, 2009 16:30  
Anonymous Anonyme said...

et si dans un de tes voyages sur la toile tu avais l'idée d'aller sur le blog "africadreams.unblog.fr/page/2 " tout en bas de la page!!! je me permet déjà de sourir!bisous,bisous. taratata.

01 avril, 2009 18:48  
Blogger Unknown said...

Merci pour tes mots...
mine de rien ça m'a toujours intrigué...la généalogie, (parce qu'en lien avec la génétique? et/ou avec l'héritage "acquis"?), les histoires vraies et les fausses, celles qu'on dit pas, celles qui n'ont pas été dite mais qui, plus tard sortent au grand jour, qui r'ouvrent des blessures ou qui les ferment...
Et puis, ça me fait sourire quand je me dis...ah oui, avec un tel j'ai potentiellement 1/64e de gène semblable!!
Et puis j'aime les héritages (esclavages ?) des noms/prénoms...la relation au noms comme la relation au corps, un sujet à creuser ?
...L'histoire du choix du nom (si on avait été des garçons on se serait probablement appelées Blaise), ma maman à trouvé celui de ma soeur, en lien avec une grande tante qu'elle appréciait particulièrement, mon papa a trouvé le mien sur son tracteur, on sait pas pourquoi...
Et puis l'identité...les identités multiples d'une personne forme son Identité...semblable et différente...
Ouep, j'aime ces questions... et aussi quand tu en parles... j'sais pas elles...peut-être qu'elles font écho à plein de combines comme mille balles qui rebondissent avant de tomber au sol ;-)

02 avril, 2009 15:46  

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