katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

lundi, janvier 10, 2011

un drôle de goût dans la tête





« Nous avons besoin de lieux pour habiter le monde » a dit la musaraigne à mon inattention. Elle était en train de lire un article sur l'urbanisation, de l'espace et des esprits; c'est une des demandes de la Coordination des intermittents et précaires d'Île-de-France.


Avec un drôle de goût dans la tête, ce n'en est pas moins à la Tunisie que j'ai pensé quand j'ai entendu que les cigognes, sur les pylônes électriques, ne risquaient rien. A ce qui est en train de s'y passer, qui couve depuis des années. A des jeunes qui se donnent la mort, publiquement, quand ce n'est pas la police qui s'en décharge pour eux. Des années que son président, grand ami de la liberté quand elle n'est qu'une vague idée qui ne traîne pas dans ses pieds, est montré comme un exemple du fait de la remarquable « vitalité » économique de son pays (remarquable: qui se constate dans les chiffres; la production étant plus facilement quantifiable que ses tristes répercussions; répercussions: un mot trop long pour bien des souverains. En temps de guerre, la novlangue dit parfois « dommages collatéraux ». La production a tout prix est une guerre. ).


« L'économie fut-elle jamais rien d'autre qu'un cannibalisme plus ou moins déguisé? », s'interroge Roger Favre, dans « Ici ou ailleurs ».


Nous avons besoin de lieux pour habiter le monde.


A l'occasion d'une tuerie aux Etats-Unis, dont l'auteur est un jeune américain, on peut lire, dans des journaux considérés comme étant « de référence »: « L'Arizona, cette « Mecque du fanatisme » ». C'en est perturbant de perversion langagière, un titre comme celui-ci.


Qu'on ne vienne pas me dire qu'il y a des guillemets, ma réponse risquerait d'en être dépourvue.


On peut aussi y trouver les résultats d'un sondage, à l'énoncé aussi putassier que l'air du temps, sur le pourcentage de personnes qui pensent que « la présence musulmane est plutôt une menace ».


La présence musulmane, kézako?!? Ça infiltre les murs? Ça peut se cacher sous mon lit? C'est à cause de ça qu'on a désormais des prétendus dératiseurs, ratissant bien bas, à la tête des états?


Nous avons besoin de lieux pour habiter le monde.


« Tu sais, Obama, il est un peu musulman », m'a-t-on déjà dit.


Non?!? Pis aussi un peu pédé en cachette?!?


La Connerie est une gangrène sans âges,


un saccage,


un pillage;


la presse chaque jour en fait étalage,


et en tire avantage.


Comment, dès lors, parvenir à rester sage?!?


Nous avons besoin de lieux pour habiter le monde.


Lhasa s'est faite crépuscule il y a un peu plus d'une année, Patrick Watson et Esmerine ont écrit une chanson, pour donner à entendre combien, en eux, elle est encore présente.


Il y a des gens qui s'approchent de ce que signifient présence et absence, en premier lieu parce qu'ils questionnent ces termes, ce qu'ils ouvrent et enferment, chaque fois de manière singulière.


Il y a des gens qui ont des raisons d'avoir peur, des raisons tangibles; il en est alors une minorité à qui cela donne du courage.


Il y a des gens à qui l'on invente des raisons de vivre dans la crainte; une majorité conjugue alors sa vie au participe présent de la complainte.


En portugais, « être d'accord » se dit « concordar »; « (se) réveiller », « acordar ».


Je m'emmêle souvent les pinceaux, entre les deux. Il m'arrive de vouloir dire que je suis d'accord, mais c'est « je me réveille » que je laisse échapper. Il n'y a au fond, et au sommet, pas une si grande différence.


Au point du jour,


apaiser ses discordes intérieurs,


accorder la guitare de ses humeurs;


sentir l'orange et le bleu qui nous parcourent.


Oui, au point du jour.

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2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

que ta colère m'apaise .........

Marie

12 janvier, 2011 11:46  
Anonymous gmc said...

SELECTION PAR L'OREILLE

La présence musulmane
C'est un sourire
Au beau milieu d'un écartèlement
C'est une danse du vin
Quand le vent souffle
De Tabriz ou d'ailleurs
C'est la voix de l'aimé
Qui résonne en terre pacifiée
C'est ce que tu veux
Qu'il te plaise ou pas
De le chanter tendrement
Ou de le murmurer

13 janvier, 2011 19:41  

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