katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

dimanche, août 31, 2008

En bouteilles Simone!

De retour d’une somptueuse quinzaine en Toscane où je n’ai que rarement et distraitement feuilleté les journaux, j’ai, hier, procédé à l’épluchage studieux de la pile qui m’attendait. Après un premier survol rapide pour découper les articles qui m’intéressaient, j’ai glissé iceux dans mon sac afin de m’en gargariser entre le train et le canapé champegnoux où je me retrouve à présent pour mes dominicaux errements électroniques.




Il y a eu un événement majeur en Suisse, le genre de chose qui confronte vraiment un peuple à son histoire : l’arrivée des bottelones, ce merveilleux courant intellectuel venu d’Espagne qui consiste à se réunir, entre jeunes (est-ce que j’en suis ?!?), pour boire jusqu’à vomissement. Ce phénomène hautement spirituel, il s’agit tout de même de s’indigner du prix de l’alcool dans les lieux festifs, a créé de nombreuses craintes chez les autorités, elles y voyaient sans doute une possible prise de conscience, une révolution à venir, une désobéissance civile en puissance.

Je pensais à ça, porté par les rails, lorsque je suis passé à Yvonand, fief de ma maman bien-aimée. Un des jeunes assis à côté de moi (un qui avait le mérite, et avec quelle assurance, de me montrer que non, définitivement, je n’en suis pas) a alors arrêté de taper sur son pote en faisant des bruits étranges avec ce qui lui servait apparemment de bouche, a regardé par la fenêtre et s’est exclamé : « Putain, t’as pas le droit un village pareil ! C’est le lieu de la noce absolue ! ».

Comme un instant de grâce. On ne peut que donner raisons à nos politiques : (v)agissez je vous prie !




D’ailleurs, pour un amoureux de la gouvernance et des ses aléas comme je suis, je n’ai pu que noter avec un réel plaisir, vous excuserez ma transition douteuse, les propos élogieux de Madam Hilary sur Barack Obama, et inversement, depuis qu’il est officiellement candidat. Il y a peu ils se crachaient dessus parmi, maintenant ce sont les meilleurs amis du monde.

Papa, c’est pas la même madame, qui parle du même bonhomme, mais qui fait comme si tout d’un coup c’était son ami d’enfance alors qu’avant elle en parlait comme toi tu parles de notre voisin à qui tu ferais bien manger sa tondeuse à gazon ?

Va boire avec tes copains ma chérie.




Il y a une nouvelle qui m’a réconforté, quand même, un article qui se demande si Internet rend bête. Il y est écrit, noir sur blanc, attention les mirettes, que ce vecteur d’informations ne favorise pas la « verticalité de la lecture lente » ainsi que le façonnement d’une certaine « épaisseur culturelle ».

Donc si Raphu, et d’autres (je sais que tu n’es pas le seul mon grand !), ne lisent pas mes inepties jusqu’au bout, ce n’est pas que de ma faute, c’est aussi un peu à cause de la Toile.

Pis pour Sarkozy et Berlusconi, on explique comment ?

Il faut boire encore un peu plus ma chérie.




Vous en prendrez bien une dernière pour la déroute ?

La Banque Mondiale l’a dit, réjouissons-nous, le combat contre la pauvreté porte ses fruits. La proportion de pauvres dans la population est passée de 52% à 26% en un quart de siècle.

Vous voulez connaître le seuil fixé pour avoir le privilège de sortir de cette grande fratrie: gagner plus de 1.25 dollars par jour.

Cela ne vous donne pas envie d’aller prestement vous embouteiller aussi ?

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samedi, août 30, 2008

Impalpables



"Mon feuillet est un combat d'ombres légères et de soleil, une danse de feuillages bleus, impalpables, sur un sable d'or."


Gustave Roud, Journal, 15 juin 1932

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samedi, août 16, 2008

Les frôler est déjà trop



"Il faudrait parler plutôt d'un poudroiement de feu, d'une ouverture et aussi d'une ascension, d'une transfiguration, frôlant ainsi sans cesse des idées religieuses, quand les frôler seulement est déjà trop; car c'est cela, et c'est toujours autre chose encore. Car ce sont les choses qui sont telles, terre et ciel, nuées, sillons, broussailles, étoiles; ce sont les choses seules qui se transfigurent, n'étant absolument pas des symboles, étant le monde où l'on respire, où l'on meurt quand le souffle n'en peut plus."


Philippe Jaccottet, Paysages avec figures absentes

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jeudi, août 14, 2008

Ce mi-silence au travers de nous


"Cette peur et cette lumière

ce mi-silence au travers de nous

tout ça le nom de la rivière

à mi-voix le tient suspendu"


Ludovic Janvier, Des rivières plein la voix

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mardi, août 12, 2008


"Classique celui qui se désolidarise toujours plus de son époque - par anticipation."

Richard Millet, Notes sur le classicisme

lundi, août 11, 2008

Des sueurs d'inexistence


"D'ailleurs, mon problème principal n'est pas tellement mon chez-moi mais mon chez-les-autres. La rue. Ainsi qu'on l'a remarqué sans cesse dans ce texte, il y a dix millions d'usagés dans la région parisienne et on les sent bien, qui ne sont pas là, mais moi, j'ai parfois l'impression qu'ils sont cent millions qui ne sont pas là, et c'est l'angoisse, une telle quantité d'absence. J'en attrape des sueurs d'inexistence mais mon médecin me dit que ce n'est rien, la peur du vide, ça fait partie des grands nombres, c'est pour ça qu'on cherche à y habituer les petits, c'est les maths modernes."

Romain Gary (Emile Ajar), Gros-Câlin

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vendredi, août 08, 2008

Le bruit du vivant


"Je suis là que de passage, un pied

Dans quel désert? L'autre pris

Dans l'encombrement d'un dictionnaire.

Poème qui s'en va, de passage,

Entre le monde et le bruit des mots.

On s'invente un désert en parlant parce qu'on oublie

Qu'on est au paradis.

Je suis là que de passage, un pied

Dans le vivant, l'autre pris

Dans le bruit du vivant."



James Sacré, Un paradis de poussières

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mercredi, août 06, 2008

Brûlante


"La contemplation - qui n'est pas la rêverie, non plus la nonchalance - préside à l'essentiel, au silence comme à la parole en gestation. La contemplation est reine de notre vie ou mendiante. Elle ne saurait être dans les temples des marchands, dans les usines ahurissantes, dans les coffres des banques. La contemplation n'a pour elle que la patrie de l'azur et la fraternité des hommes. Elle va où elle veut, quand elle veut. Dans ce monde très étroit, où l'on vous enchaîne dès le berceau, elle n'en fait qu'à sa tête, n'obéissant à personne. Sourcier, elle débusque les sources. Héritière de tous ceux qui ont levé le poing, elle lance la tradition bien au-delà de l'avenir. Elle est un pont sur les eaux invisibles. Elle est un chant sur les feuillages, dans les ruelle de nos villes de glace. Elle se promène souvent, un maigre sac jeté sur son épaule. Vous la verrez, un jour, brûlante au cœur de toutes les choses."

Joël Vernet, Totems de sable

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lundi, août 04, 2008

La pure présence



"Des heures collé à la vitre des façades, plus fraîche sur ma joue que le baiser des cascades, pour attendre qui, quoi, la douce quiétude d'être au monde dans la pur présence des fenêtres?"



Dominique Sampiero, Carnet d'un buveur de ciel

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vendredi, août 01, 2008

Dans l'ombre du cou


Ecrire comme on serre dans ses bras, toujours trop peu, trop vite ; mais aussi écrire pour remédier à cela, pour déposer sur le papier (des pattes de chat, m’a glissé à l’oreille la jeune fille qui flotte dans ce café, une violette, s’est exclamé le postier qui aurait mérité qu’elle l’embrasse) l’empreinte du mélange de larmes et d’éclats de rire qui fait son nid sur les branches de nos interrogations.

Chasser le blanc de la page, mais pas bien loin, rusé comme il est il continue à tirer son épingle malicieuse du jeu, il s’insinue entre les mots, puis les pique, ou les coud. C’est alors une douce blessure dans l’ombre de votre cou.

L’urgence des baisers n’en est que plus brûlante.

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