katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

vendredi, septembre 28, 2007

De l'indignité du peuple, rien que ça

Depuis le 1er août et son envoi massif de missives visant à récolter des signatures pour expulser les grands méchants, forcément étrangers, qui se la coulent douce en Suisse, l’UDC n’arrête pas de faire parler d’elle, dernièrement pour une superbe affiche représentant les citoyens helvétiques en braves moutons, comme c’est flatteur, dont il s’agit de chasser les individus noirs, planteurs de couteaux.

Les belles âmes crient au scandale, parce que tout de même, ce n’est pas acceptable, voici une preuve de plus illustrant que Blocher doit être l’incarnation du Malin venu hanter nos belles contrées, un représentant de l’ONU a même demandé officiellement au Conseil fédéral de cacher cette scène atroce que l’on ne saurait voir.

Certains politiciens s’acharnent pour exiger la transparence du financement des partis, ainsi qu’un plafond empêchant la gauche d’être par trop pénalisée.

On discute en petits comités pour bouter le Diable hors du Palais fédéral.

C’est dommage, en bon populiste qu’il est, ce brave Christoph saupoudre les pingouins bernois d’un côté « people » très en phase avec notre époque de cervelles molles, il se moque bien de la collégialité du moment que sa femme (qu’il aime savoir, comme son bras droit Maurer, dans la cuisine plutôt qu’au travail) lui mijote de bons röstis, il sourit devant les caméras et n’apprend pas le français, pas besoin, il a des caporaux de service qui s’appliquent à répandre la bonne parole.

Je ne me sens pas en phase avec ce milliardaire aux idées arrêtées dont les disciples n’ont de cesse de proférer de énormités, et souvent des informations erronées, c’est le moins que l’on puisse dire, mais il y a une certitude, triste, mais certitude quand même, c’est que, même si l’expression fait sauter au plafond, il dit tout haut ce que pas mal de monde pense tout bas.

Arracher ses affiches, écrire à la présidente de notre injuriée Confédération pour qu’elle réagisse, manifester, pacifiquement ou non, faire circuler des messages électroniques indignés, tout ceci est bien joli mais « ne fait pas avancer le Schmilblick ».

J’y ai cru, j’y reviens, jusqu’à la votation sur les naturalisations facilitées où l’ampleur des mensonges de l’UDC et la « logique » du texte proposé ne m’avaient pas laissé une seule seconde envisager un refus du « peuple ».

Et pourtant, le « non » l’avait emporté, et, avec cette victoire, ou cette défaite, je me suis résolu au fait que bien que « la démocratie exige de la dignité », comme l’avaient mentionné tous les autres partis suisses, une moitié de concitoyens ne remplit pas ce critère.

Dans « L’angoisse du roi Salomon », Gary écrivait que le déclin de l’Occident s’explique sans doute par le fait qu’il n’y a aucune thèse, à la Sorbonne, sur la Connerie.

J’aime mieux en rire, et ne plus manger de cervelas.

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jeudi, septembre 27, 2007

L'impensable cadeau

J’aimerais bien que tu m’offres la possibilité de lire, parfois, sans que s’emmêle dans ma tête la tornade de voix, surtout la mienne, qui m’empêche de parcourir un livre sans y chercher la confirmation ou la négation de ma mélodie.

Chasser cet écho, tournoiement de mouettes fatiguées qui ombragent le débarcadère de mots où j’aimerais m’allonger en toute virginité.

Retrouver l’innocence devant la page, baisser le regard, humblement, oser tout juste l’effleurer, cette page, des doigts et des yeux, plutôt que d’avoir l’impression qu’il s’agit d’un affrontement, d’une épreuve qui va me permettre de courir plus vite, plus longtemps.

Lancer au loin ces tiroirs remplis de chapitres dont j’ai déjà trop taché de papier, offrir au vent ceux que je n’écrirai jamais, quelques gouttes de noirceur en moins sur ces pauvres feuillets qui ne m’ont rien demandé.

M’immoler de blanc pour la sauvegarde des carnets fatigués.

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mardi, septembre 18, 2007

La Provence, région qui m’était déjà chère, m’est désormais également chair, puisqu’elle m’a permis de mettre une enveloppe corporelle sur Benoît, correspondant/confident électronique depuis trois ans grâce à Gary, clown lyrique dont les jeux de mots et les maux du « Je » nous rassemblent.

Cette expérience, passage du virtuel au réel, constituait pour moi une grande première qui m’a permis, dans ce cas bien précis, de constater à quel point une personne peut s’esquisser dans les arabesques de son écriture, dans cet acte que je chéris tant et dont l’élégance ressemble parfois, lorsque l’intimité vient s’y lier (voilà pourquoi je déteste la plate autofiction) au dépliement de son coeur.

Benoît EST tel que je le lis et le vis depuis que nos messages se sont débarrassés des fioritures polies du début. Dans sa manière d’observer l’agitation ou le calme alentour, dans ses moments où il se laisse rattraper (malgré sa hantise de cette « déformation » environnementale) par le « franglais », dans ses rires comme dans ses indignations. Tout ceci, je l’avais senti dans sa manière spécifique et débordante d’apprivoiser le clavier.

Benoît, maintenant que tu as entendu mes tentatives de chant avec ma voix imperméable à la notion de tonalité, je me permettrai, sur un air de mister Cohen, un heureux : « You’re my man ».

Tout juste revenu d’Aix, je passais en vitesse dans mon nouvel appartement, qui ressemble pour le moment plutôt à un no man’s land, espérant qu’il me reste des habits pas trop défraîchis pour repartir quelques jours en Toscane.

Week-end prolongé qui m’a permis de constater que ma manière de cuisiner se prête très bien aux relations humaines. Lorsque les ingrédients sont bons, pas besoin de recette ou de « mesurette », imagination et improvisation suffisent pour mijoter une potion magique « de derrière les fagots ».

Voici qui est de bon augure puisque dans deux jours je vais à nouveau flirter avec les chemins de fer, direction Paris pour, notamment, une soirée Romain Gary qui va rassembler beaucoup de passionnés d’horizons différents.

Je vous laisse avec quelques lignes d’un ouvrage vertigineux, « L’Orient désert » de Richard Millet.

« […] quelque chose qui ne me sera donné que dans l’écriture (dans ce geste que je voudrais simultané au voyage, mais qui suppose un décalage dont on ne se console pas : écrire est une abstraction temporelle, une mise à l’écart de soi, notre incertaine réalité, notre misère). »

jeudi, septembre 13, 2007

Le lieu de nous où tout se dénoue

Aix-en-Provence.

Je me laisse envahir, ce qui ne m’était plus arrivé depuis Venise, par l’impertinente impatience du corps, sensation enivrante qui naît dans ces villes indomptables où tout semble éternellement à découvrir. Pieds et regards me pressent de m’étourdir de rues jusqu’à épuisement, de m’éreinter dans la contemplation de façades changeant d’humeur au fil des minutes.

Mes yeux se posent parfois sur les indications historiques jouxtant les bâtiments qui ont accompagné les balbutiements de la ville, je n’en retiens rien, rien si ce n’est la beauté de ce qu’elles décrivent. Des murs, des églises, des places qui se respirent bien mieux qu’ils ne s’apprennent.

M’est-il encore nécessaire, sans que me paroles en viennent à se confondre au ressac de vagues dont la répétition se fait lassante, presque embarrassante, d’écrire combien l’amassement d’informations me semble un étouffement, un oreiller de savoir maintenu sur une tête pour la priver de ce monde, ballet de sensations infinies?

Comment ? Vous ne savez pas cela ? D’anciennes voix par trop académiques s’insinuent dans mes oreilles, je souris et recommence à constituer une mosaïque imaginaire avec mes pas de verres brisés.

Parfois, par la grâce d’un banc, d’un café ou d’une librairie, j’ouvre une parenthèse dans cette phrase errante dont la première lettre a été hasardée de bon matin. Permettre à l’insouciance du temps de s’offrir comme un repos bienvenu apaisant cet élan fou.

Des endroits que je visite et qui m’émerveillent, je n’ai guère plus à offrir, aux gens qui me demandent de leur raconter, que l’insolite d’une scène de vie qui se sera présentée devant moi, que l’atmosphère si particulière du café ou de la terrasse qui m’aura vu m’asseoir plusieurs fois ou que l’énoncé d’une phrase subtilisée dans un livre parcouru dans le train.

C’est à Elsa Triolet, dans son aérien « Le rossignol se tait à l’aube », citant son compagnon Aragon, que j’ai « chipé » celle qui m’a servi de titre et qui me semble merveilleusement convenir aux paragraphes que j’avais médités lorsque j’achevais mes semelles déjà bien mal en point.

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dimanche, septembre 09, 2007

Le triomphe de l'info people

Hier, dans "Le Temps", l'encadré d'un article m'a particulièrement titillé (http://www.letemps.ch/template/tempsFort.asp?page=3&article=214388), je me suis donc permis d'envoyer quelques lignes au courrier des lecteurs.


J’attends toujours « Le Temps » du samedi avec impatience, spécialement pour les pages littéraires. Hier, je n’ai pas été déçu, pas besoin d’en arriver à la dernière partie pour me mettre l’eau à la bouche. Christophe Passer, rédacteur en chef de « L’Illustré », me régalait d’entrée de jeu en citant Malraux. « La vérité d’un homme, c’est ce qu’il cache.» Il s’en remettait ensuite au dernier livre de Yasmina Reza pour illustrer sa théorie selon laquelle l’intimité du people est un élément indispensable pour appréhender notre quotidien et juger de manière complète ces têtes que nous voyons à toutes les sauces, surtout les plus indigestes. Des photos d’un politicien en vacances deviennent ainsi la clef permettant de savoir si le personnage en question « laissera une trace ». Rien que ça. Heureusement que je n’avais pas pris un petit déjeuner trop conséquent. Impliquer deux plumes de cet acabit pour vanter les mérites de l’amas de papier toilette qui se royaume grâce à « tous les lecteurs de toutes les couches sociales », voilà de quoi me faire frémir.

En plus, en filigrane, une suffisance insupportable à l’encontre de ces «
chers confrères » travaillant dans des « journaux sérieux ». Les amateurs et promoteurs du people ont compris les vraies attentes du lecteur, pas comme ces journalistes, nostalgiques de la vieille école, qui s’évertuent à croire que l’on élargit un champ de vue grâce à une analyse en profondeur plutôt que grâce à un sourire feint.

Lisant ce tas d’inepties, j’avais une pensée pour Jean-Jacques Roth qui, il y a quelques semaines, écrivait «
il sera toujours plus cher d'expliquer au lecteur le financement des caisses maladie que de lui parler des fesses de Britney Spears ».

jeudi, septembre 06, 2007

Dernière petite morce de Toscane 2007




Ma première lecture, au réveil, consiste en quelques pages du « Journal d’un intellectuel au chômage » (je vous interdis de rigoler !!!) de Denis de Rougement, je dois bien avouer que, pour l’instant, je suis plutôt affligé par la platitude de ses propos, mais il y a tout de même un élément qui m’a fait sourire. Un moment, un passage d’un livre de Colette lui permet de répondre à une énigme sur la provenance de petites bêtes indésirables dans son foyer :

« […] ils déménagent […] comme les puces d’un hérisson mort. »

Partant de là, de manière plutôt ridicule ceci écrit en passant, il divague sur l’utilité que devrait avoir les livres. Qu’est-ce qui m’a interpellé, vous demandez vous donc, eh bien mon illumination est arrivé un peu plus tard lorsque je finissais un livre indispensable, dont le titre est « L’élégance du hérisson » (oui c’est juste une histoire d’hérisson qui m’a titillé, il suffit de peu de chose que voulez-vous…). Cet ouvrage, bien mieux que les digressions du penseur neuchâtelois, me semble illustrer à quel point les livres peuvrent être utiles.

Il y a, c’est certain, énormément de choses à écrire sur cette tranche de gâteau aux pommes littéraires, d’ailleurs, alors que je courais (j’ai croisé une tortue !!!), j’ai écrit dans ma tête une immense déclaration d’amour livresque à Muriel Barbery. Enfin, il s’agissait surtout de lui dire merci, parce que son bouquin, c’est vraiment un délice à déguster sur mode aération.

Succès sur le tard, grâce aux coups de cœur des libraires bien plus qu’à un écho critique favorable, ce livre me fait penser aux propos de Benoît lorsque je m’étonnais sur l’absence de Gary dans l’histoire de la Weltlitteratur que trace Kundera (alors qu’il y a énormément de similitudes dans leur définition et dans leur conception du roman). Trop sentimental, voire sentimentaliste, tout « intellectuel », ou « homme de lettres », qui se respecte pense qu’on ne fait pas de bons livres avec des bons sentiments.

C’est fou qu’il ne considère pas d’avantage à quel point on peut faire de mauvais livres avec de « bonnes » théories.

J’espère réussir à me tenir à l’écart des cas canons bien-pensants de la papauté du Livre. Bien que peu revendicateur dans les faits, on ne chasse pas ces helvétismes par un simple coup de baguette magique, j’ai à cœur de ne pas m’aligner, sur pas mal d’éléments présentés comme incontournables, dans quelque domaine que ce soit, mais là je crois que c’est assez clair.

Ivre de serpenter le plus possible dans ce monde assoiffé et assoiffant.

Je vais de nouveau faire un parallèle avec une lecture passionnante que je dois à ce brave Raphu, à savoir « Lire Lolita à Téhéran » d’Azar Nafisi, où il est fait mention de cette affirmation de Nabokov : « La curiosité est la forme la plus pure de l’insoumission ».

J’aime beaucoup (Lolo et Jules je vous interdis de rire) cette manière de voir l’intérêt permanent pour toutes sortes de choses et la volonté d’apprendre pour soi et pas pour les autres comme une marque même de refus de l’autorité, cela ramène d’ailleurs à « L’élégance du hérisson » dans lequel Muriel Barbery parvient, avec un phrasé magique, à différencier besoin de connaissances et envie de reconnaissance.

En dehors de mes courses d’orientation dans des forêts de mots et de mes égarements pédestres dans les collines avoisinantes, je suis aussi allé à la plage, ce qui m’a permis d’observer plusieurs scènes pour le moins mémorables.

Un cours d’aérobic dispensé les pieds dans l’eau, avec de la musique qui faisait vibrer jusqu’aux rives de l’île d’Elbe et des participantes, observées langues pendantes par des dizaines de spectateurs, dont la quantité additionnée du tissus des maillots de bain (vraiment ?!?) n’aurait même pas permis de me faire un cache-nez.

Différentes personnes marchant dans l’eau, dont une jusqu’à la taille, avec portable ou cigarette.

Une dame se promenant avec son chien dans les bras, enveloppé dans une couverture alors que la température avoisinait le 40 degrés à l’ombre, pour ne pas le salir ou le mouiller.

Une autre, écroulée de rire, arrachant presque la tête du sien en tirant sur la laisse pour qu’il entre dans l’eau.

Après tout ça on s’étonne que le monde m’effraie.

Bon, je vais arrêter mon cirque électronique.

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mercredi, septembre 05, 2007

Bildungsroman

Je me suis baladé depuis lors sur des routes littéraires d’un tout autre ordre. Béatrice m’a proposé de lire Hermann Hesse avec un œil neuf, puisque je lui avais avoué n’avoir que moyennement apprécié « Demian », décortiqué au gymnase, de même que « Siddhârta », feuilleté par la suite pour tenter, en vain, de comprendre la révélation qu’il avait constitué pour un ami. Elle m’a donc offert « Le Jeu des perles de verre ».

Je répète souvent qu’un des éléments qui m’intrigue le plus lorsque j’observe et interroge les gens que je côtoie, c’est de comprendre à quel moment une information qui leur a été donnée devient effective et prend place dans leur quotidien. Quand est-ce que, triant dans le déversement continuel et insensé d’informations et d’images qui nous submerge, nous « faisons quelque chose » d’une partie de cette « réalité » qui nous touche? J’ai tendance à utiliser un terme qui ne me convient que moyennement, parce que plus technique que poétique, celui d’actualisation.

Hesse, plus ésotérique que moi, mais ça je l’avais compris depuis un moment, décrit cet état, qu’il appelle un « éveil », de la manière suivante: « […] ce qui éveille l’âme, la métamorphose ou la sublime, c’est toujours qu’à la place des rêves et des pressentiments intimes soudain un appel du dehors, un fragment de réalité s’impose et agit. »

Ce qui me dérange dans ces romands dits « de formation », c’est que la vie semble s’y apparenter à un enchaînement d’étapes clairement définies, l’existence serait un escalier dont chaque marche permet de remplir sa ou ses « missions ». Ce qui donne quelque chose de bien construit, donc, par cela même, d’assez éloigné de la vie qui m’apparaît plus comme un pont (ne serait-ce que par l’idée de traversée, plus que d’ascension toute relative) avec d’énormes trous que l’on arrive pas toujours à dépasser.

Dans « Le Jeu de perles de verre », nous sommes en présence d’une communauté imaginaire (Castalie), tenue et entretenue hors du monde par l’état dont elle fait partie, qui ne s’intéresse qu’à tout ce qui traite, de près ou de loin, à l’esprit. Ceci dans une hiérarchie stricte et indiscutable.

Une des inventions des castaliens est le Jeu des perles de verre, une activité qui conjugue les principes et connaissances des toutes les sciences pour en faire un sommet éthique et esthétique. Cela semble très abstrait, je vous l’accorde d’autant plus que cela n’est pas éclairci après plus de 500 pages, et hormis des réflexions pertinentes, mais pas bouleversantes, sur le sens de l’Histoire et sur la musique, nous restons dans un flou relatif malgré bien des répétitions. De plus il y a un côté, de l’aveu même de son auteur, très éducatif qui me dérange particulièrement.

Il est assez rare que je ne lise qu’un livre à la fois, surtout s’il s’agit d’un ouvrage, comme celui-ci, assez « lourd » et qui demande une certaine attention, je m’aérais donc l’esprit en parcourant « Fracas », le dernier livre de Pascale Kramer, dont excepté un talent certain dans le déploiement de phrases superbes (« Sa volonté face au manque, qui lui travaillait la gorge comme un étranglement, lui fut d’un soutien inattendu devant l’inconfort où commençait cette journée. C’était sur la certitude de sa ténacité qu’elle imaginait pouvoir venir à bout d’une vie entière. »), je n’ai pas retiré grand chose.

Par contre, et c’est là que je veux en venir, je me suis laissé subjugué par une revue sur Octavio Paz, et plus précisément par une table ronde avec le poète et quelques invités de choix dont j’ai extrait ceci qui me semble bien résumer ce qui me dérange chez Hesse (même si je me promets de lire encore « Le loup des steppes »). C’est Claude Esteban qui parle:

« […] Je crois que c’est le fait même de la définition de l’intelligence, qui consiste à éclairer son objet plutôt qu’à s’en emparer pour le conceptualiser. »

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samedi, septembre 01, 2007

Encre ciel et mer





Hormis deux journées en noir et blanc, le ciel s’est la plupart du temps drapé de teintes qui respiraient mieux avec les oliviers et les tournesols desséchés.

Deux nuits où je me suis accordé un long sommeil réparateur, soit jusqu’à près de 8h, autrement je me suis levé entre 4h et 5h, histoire de ne pas avoir alourdi mes bagages de livres pour rien.

Béatrice et Thomas ont donc eu l’immense privilège d’être souvent réveillés pas mes premiers pas, puisque, alors que je me voulais léger et silencieux, me rêvant dans la peau d’une des chauve-souris qui traçaient des lignes imaginaires lorsque nous dégustions du Limoncello avant de rejoindre nos lits, je me suis plutôt montré aussi gracieux que les sangliers qui se promenaient dans les parages.

Pour ne pas vous assommer après deux semaines d’abstinence « bloguienne », je vais fragmenter le compte-rendu extrêmement partial et partiel de ma quinzaine en Toscane.

Trêve d’ergotage.




« Du plus loin que le corps qui me porte bat le rappel de ma mémoire, une seule impression me vient en évidence : celle d’avoir toujours marché. Aucune lassitude ne teinte cette impression, bien au contraire. Je suis emmené par un désir incorporé et j’userai mes semelles jusqu’à l’expiration de ce mandat absurde qu’est notre passage sur terre.
Passage. Ce mot me convient. Il relate mieux qu’un autre ce que je perçois de ma vie dans sa mise en application ; aller d’un point à un autre sans finalité ni fuite avec le seul ornement du paysage.
Pérégriner : marcher loin de chez soi.
Mais ce loin n’est pas kilométrique. Il est dans la non-participation aux attitudes conventionnelles où l’on doit s’expliquer devant les autres. »



Avant de rejoindre la Toscane, un petit saut à la bouquinerie de la Louve m’a mis deux autres livres de Pierre-Laurent Ellenberger entre les mains, « Le marcheur illimité » dont est tiré l’extrait ci-dessus (je vous laisse mesurer combien il m’a. Enfin, vous voyez quoi, juste l’impression que j’aurais pu écrire cela, mot pour mot, à la ponctuation près. Ce qui fait toujours pour le moins étrange comme sensation.), et « La fête en ville », que je n’ai pas encore commencé mais qui semble, heureuse inspiration, se dérouler dans une ville jamais nommée mais clairement identifiable : Fribourg.

Chaque page de cet auteur, qui nous a quitté il y a peu, me fait regretter de ne l‘avoir découvert plus tôt. J’aurais eu grand plaisir à m’entretenir avec lui.

Déception ou confirmation d’être en présence d’un « sacré gaillard », peu importe, cela eût sans aucun doute été une rencontre marquante.

Je m’en vais, en tous les cas, continuer à cheminer le long des sentiers de mots qu’il a admirablement tracés.

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