katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

mercredi, février 25, 2009

celui, celle, qui se tient en face, ou en biais







Rêveries vers Akiko, qui, me faisant part de son "urgence de mots", m'a offert de dessiner cela:


"Écho, j'ai eu envie, depuis ce matin, d'écrire sur ce mot qui revient souvent sous ma plume, comme un réflexe sorti de mon enfance, lorsque j'allais, avec ma grand-maman, me balader dans le crépuscule naissant, que nous longions des champs jusqu'au fameux pont, sous lequel, eh oui, écho. On allait jouer avec l'écho.

Écho es-tu là?!?

Et il nous répondait, toujours, infatigable.

Et mon sourire, alors, mon innocente naïveté d'enfant nourrissait ma grand-maman; comme l'a nourrie la fraîcheur de ma cousine Lulu, "cadeau sur le tard" que lui a offert mon tonton, Lulu, mon "petit chameau" d'amour, qui un jour, va savoir pourquoi, m'a appelé Yaya.


Je lui ai écrit une lettre, cette après-midi, je me suis appliqué pour écrire comme lorsque j'avais dix ans, afin que, du haut de ses 6 ans, elle réussisse à relire son Yaya.

J'ai déposé deux coquillages, dans l'enveloppe, un jaune/blanc, et un violet, avec de beaux scintillements."





Clin d'oeil à la tornade qui, me demandant ce que c'était, pour moi, organique, une pensée organique, m'a permis de dérouler ceci:



"J'y devine une dynamique, un élan qui part du corps (on y revient), qui naît de soi, qui se nourrit de son environnement physique, social et onirique, pour rayonner vers l'autre dans le même temps que cela nous enrichit, de le formuler, de le transmettre; de le soumettre, d'où confrontation, indispensable, au ressenti de celui, celle, qui se tient en face, ou en biais.


J'y aperçois du vivant, j'y vois un arbre, avec tout ce que cela suppose de branches, de feuilles qui tombent avant que d'autres prennent la place; et de racines, malgré tout, non pas des racines qui attachent, mais des racines qui ont puisé dans un terreau; on en revient à la question du corps, qui n'existe pas, en fait, qui est celle de son corps, qui interroge depuis où on y réfléchit.


Je n'en ai pas eu des dizaines, de réponses, mais par contre, elles sont chacune tellement belle, tellement individuelle, que j'ai envie d'en faire quelque chose d'autre, quelque chose qui puisse parler à d'autres. On verra.


Si tu as une idée pour mettre des images sur ces mots. Ou plutôt non, ce serait intéressant que tu "modélises", corporalises, quelque chose, que tu uses un, ou plusieurs, des trucs qui te titillent, puis que l'on y ajoute ensuite les mots.


Cela prendrait encore davantage d'ampleur.


Scruter, creuser, inviter les corps à travers tout ce qui n'est pas mot, puis voir comment cela fait sens, ou pas, avec ce qui n'est que mot.


Ce serait encore plus génial, du coup, si tu arrivais aussi à motiver différents "artistes", hi hi hi.


Inviter certains à se tourner vers leur corps, plutôt qu'à fantasmer tous ceux, trop beaux, qu'on leur balance à langueur télévisuelle.


Redonner de la valeur humaine, singulière, à l'image."





Pensées pour le soleil, qui m'a permis de noter ceci:




"Aujourd'hui, je me suis véritablement drapé de l'Océan, j'y ai nagé, tout d'abord le souffle coupé; puis me sentant vivant, tellement vivant.

Froid; brûlure; puis moi, juste moi, juste bien; immensément bien.

Ensuite sécher, allonger sur le sable."




Raphu débarque dans quelques heures, après une année et demi de vie en commun, voilà plus de deux mois que je ne l'ai pas vu, c'est qu'il me manque ce vieux sac!

Je serai donc peu par ici, ces prochains jours.

C'est aussi pour cela que je vous ai concocté une playlist un peu plus longue que d'habitude, espérant que vous y fassiez quelques belles rencontres.

J'adore l'originalité, colorée et décalée, du premier morceau.

Les commentaires me font toujours plaisir.

Lispoètiquement vôtre

Libellés : ,

mardi, février 24, 2009

où se composent et se défont nos constellations





"Le poème n'est pas une réponse à une interrogation de l'homme ou du monde. Il ne fait que creuser, aggraver le questionnement. Le moment le plus exigeant de la poésie est peut-être celui où le mouvement de la question est tel - par sa radicalité, sa nudité, sa progression irréfragable - qu'auncune réponse n'est attendue; plutôt, toutes révèlent leur silence."


[...]


Ce lieu de haute énergie, où s'ordonnent des mots, que nous appelons poésie est notre part de l'acte infini dans le monde, champ de force des lois de notre mouvement propre, où se composent et se défont nos constellations.


[...]


Le texte poétique est le texte de la vie, travaillé par le rythme des éléments, construit, érodé par tout ce qui est; fragmentaire, plein de lacunes, laissant apparaître dans les failles des signes plus anciens. Trame d'ardeur et de circulation: chacun peut y lire autre chose et aussi la même chose."



Approche de la parole, Lorand Gaspar

Libellés : ,

lundi, février 23, 2009

un baiser sur le crâne bleu de la nuit




La Mascarade se porte bien, merci.


L’UBS (Union des Blaireaux de Service) se fait un plaisir de nous le rappeler.


Les chiffres que vont atteindre une vente aux enchères au Grand Palais à Paris, ce soir, aussi.


Les Oscars que l’on pourrait remettre, pour l’ensemble de leur œuvre, série en cours, à messieurs Sarkozy et Berlusconi, également.


Zapatero fait son possible pour entrer dans la danse. Accroche-toi José Luis, on va les avoir ces sans-papiers !


Une partie du peuple, c’est quoi ça ?, applaudit.


Pas certain qu’ils saisissent bien de quel côté du mur on les mettra, le jour venu, mais bon, quand la peur se fait moteur, la machine toussote avant de vomir ; ce ne sont pas les exemples qui manquent.


Non, rien à faire, je ne suis pas preneur de tout ça.


Vraiment l’impression d’être comme en attente.


Que ça passe ?


Que ça casse.


Cela se fissure de partout, mais on colmate, on colmate.


Je me sens en stand by.


Stand. By.


Se tenir au plus près d’un certain espoir, malgré tout.


Ne pas baisser les yeux, ni cesser d’offrir main et épaule, en somme.


Dans un monde qui va de plus en plus ressembler à un immense Océan où se promène un Jet luxueux, harponnant ceux qui s’accrochent, j’aime mieux continuer de nager, chantant une île qui n’existe pas.


Parfois, comme samedi soir, je me retrouve dans un restaurant quelconque du Bairro Alto, pour regarder le derby lisboète entre le Sporting et le Benfica.


Un pote de Maxime débarque. Ses parents sont d’origine indienne, il est né au Mozambique, puis a grandi ici. Il adore, tenez-vous bien, Marcel Proust, Marguerite Yourcenar, Jean Genet, Pascal Quignard,…


Et c’est un grand connaisseur de poésie portugaise.


Nous nous enflammons donc, nous débrouillant entre ses quelques mots de français et ceux que je comprends en portugais.


Nous nous sentons bien, entre bâtards humanistes.


Pendant que le Sporting déroule, que Liedson met un fabuleux extérieur du pied dans la lucarne, que Reyes égalise, je lui demandae de me parler d’Antonio José Forte.


« […]


j’ai posé un baiser sur le crâne bleu de la nuit


agenouillé sur un drapeau brûlant


entre la belle et la bête


j’ai dormi entre des phrases immenses barbares


et très pures


énoncées par le mystère




depuis ce temps


une vague d’éblouissant silence


sur laquelle volent des fleurs noires


quand la nuit tombe du côté de l’amour


et qu’un homme aux pas écarlates


traverse le brouillard


[…] »


Un de ses amis l’avait connu, pour lui, c’était le plus intense et le plus authentique.


Nous avons continué longuement, je lui ai griffonné quelques noms sur un petit cœur : Pascal Mercier, Tarun T. Tejpal, Gustave Roud, Philippe Jaccottet, James Sacré, Claude Esteban,…


Parfois, comme samedi soir, je me retrouve dans un restaurant quelconque du Bairro Alto, pour regarder le derby lisboète entre le Sporting et le Benfica.


Parfois, la fin de l’impossible n’est vraiment pas loin.

Libellés : ,

jeudi, février 19, 2009

mettre la littérature au comptoir des bistrots





Plusieurs petits instantanés ont fait mon bonheur, lors de mes errances de ces derniers jours.


Deux vieux messieurs ; l’un faisant des ricochets, tout seul, sur la plage ; l’autre se poilant, tout seul également, surmonté par une casquette avec une immense feuille de cannabis.


Hier, alors que je dégustais un sandwich sur un muret, au bord de l’Océan, une dame parlait avec un chat qui, enfermé autour d’une piscine, gémissait tous les miaulements de son corps.


Moi de me marrer, je dois bien le dire, ce qui n’était que moyennement au goût de la très respectable dame.


Le fait est que, après dix minutes de pourparlers, elle a réussi à le mener jusqu’à une ouverture qu’elle n’avait tout d’abord pas vue…


Elle, ensuite, de me toiser l’air de dire « tu vois, grand dadet, tu fais moins le mariole maintenant ».


Et le chat de courir se frotter contre mes guibaules, espérant goûter à mon repas.


Comme je le trouvais bien ingrat, je l’ai plutôt tendu à madame.


J’ai bien « failli m’en prendre une » comme dirait l’autre.



Aujourd’hui, reprenons notre sérieux, j’ai eu une pelote d’émotions soyeuses qui s’est déroulée dans mon ventre, alors que je lisais le centième numéro du « Matricule des anges ».


Leur bref historique, l’aventure a débuté en 1992, montre la fidélité à la ligne de conduite éditoriale qu’il s’était fixée. Sans compromissions, sans aides. Avec passion.


« Si, pour nous, la littérature n’est pas un divertissement (au sens pascalien du terme), il n’est pas nécessaire de prendre un air contrit pour en parler. Ni de s’emprisonner dans la tour d’ivoire des happy few. On préférerait mettre la littérature au comptoir des bistrots. Puisqu’elle parle de nous, qu’au moins on puisse parler d’elle. Le refus du divertissement n’implique pas l’austérité ni qu’on fasse la gueule. Et pour nous, lire est aussi affaire de plaisir, quand ce n’est pas de jouissance. »


Je me rappelle encore, en décembre 2003, j’avais acheté mon premier numéro, figurait sur la couverture Vila-Mattas dont je connaissais à peine le nom.


J’avais été ébloui d’emblée, par les photos, par l’absence de publicités, par la qualité et la longueur, non seulement de l’entretien, mais du dossier consacré à cet écrivain. Depuis lors, je n’ai plus raté un numéro, et j’ai lu tous les livres d’Enrique qui me sont tombés sous la main.


C’est le seul de mes abonnements, venant au Portugal, que j’ai fait suivre; leurs voix me sont vraiment précieuses.


Je vous laisse, avec Thierry Guichard à nouveau, déjà auteur des lignes précitées :


« La littérature nous nourrit. Elle irrigue le rapport que l’on a au monde qui nous entoure, à l’Histoire, au passé comme à l’avenir. Elle nous ouvre une connaissance de notre nature humaine où la pensée se voit épaulée parfois par l’émotion, le sentiment, le ressenti. La littérature nous approfondit dans la mesure où elle est aussi un révélateur de nous-mêmes à nous-mêmes, des autres aussi. Elle interroge ce qui n’a pas de réponse, s’avance hors des sentiers battus par la langue de la communication. »

Libellés : ,

mercredi, février 18, 2009

Parole d'hurluberlu



Puisque le soleil impose de nouveau son style, par ici, il m’est tout simplement impossible de faire autre chose que de passer mes journées dehors, avec un sourire à me décrocher la mâchoire.


Malgré mon pied douloureux, mon programme est assez simple : je marche, je marche, je marche ; et parfois je me pose un moment pour lire, boire et grignoter les petites choses glissées dans mon sac avant de partir.


Comme je commence à connaître pas cœur les kilomètres de côte entre Lisbonne et Cascais, puis une bonne partie de la suite, j’ai traversé le Tage, hier, et pris un bus jusqu’à Sesimbra.


Puisque c’est un film qui a beaucoup remué Béatrice et moi, j’avais embarqué le bouquin qui a inspiré « Into the wild ».


Pendant mon crochet parisien, Céline m’avait dit que c’était un pur, Chris, elle avait ajouté qu’elle ne savait pas ce que je voulais faire, exactement, mais qu’elle était contre.


Sourires.


Quête de la vérité et de l’authenticité ont rythmé sa vie, incontestablement, une immense exigence vis-à-vis de lui et des autres, aussi, et un sens exacerbé du sacrifice.


Tout ceci ne s’accommode pas tellement avec l’humour et l’amour, alors pas trop de soucis à se faire pour moi, je suis bien trop benêt, et pas assez chaste, pour effleurer la pureté du garçon.


Sourires, toujours.


Posé sur une terrasse, j’ai écrit une lettre aux libraires de mon cœur, pensant qu’ils devaient sans doute être sous neige et brouillard, à Yverdon (qui a plébiscité la vidéo surveillance à la gare. Comme quoi je vais pouvoir rentrer, plus d’inquiétude à avoir. Je suis rudement soulagé, parce que l’insécurité, tout de même.).


Je terminais en leur écrivant que j’espérais que, contrairement à ce que laissaient penser les derniers chiffres (ah les chiffres, est-ce qu’ils ne pourraient pas nous lâcher un moment, ceux-là ?!?), les nouvelles n’étaient pas trop déprimantes.


Ils n’ont pas encore pu me répondre, forcément, mais, ce matin, en lisant le journal, j’ai appris que la dernière librairie de Porrentruy, qui en comptait cinq il n’y a encore pas si longtemps, est plus que menacée.


Là, pas de sourire.


Alors quoi ?


Alors je ne sais pas, mais disons que ceux qui passent par ici de temps en temps et qui cheminent près d’une librairie, de temps en temps aussi ; une vraie librairie, avec tout ce que cela signifie en termes de lieu spécial, de «best seller» discrètement rangés (parce que l’on sait que c’est rarement à l’intérieur d’iceux qu’il se passe vraiment quelque chose), de libraires passionnés mais parfois timides, d’endroit où l’on dépose sa montre en entrant, d’impression de se sentir dans son salon ; oui, tous ceux que leur pas mènent à proximité d’un de ses lieux de résistance, entrez, de temps en temps, même juste pour dire bonjour et pour leur dire combien vous avez conscience que leur métier est ingrat, mais tellement beau et important.


C’est vrai que les livres sont chers, qu’on ne peut pas se permettre cela souvent, alors vous savez quoi ? Optez pour les croissants, ou quelques tranches d’un gâteau que vous avez concocté avec amour, ça marche aussi à merveille.


Vous entrez dans la librairie, vous dessinez votre plus beau sourire, et vous leur apportez un p’tit truc à se mettre sous la dent. Parce que oui, même les gens qui passent des heures perdus dans les pages mangent, et aiment les bonnes choses.


Parole d’hurluberlu qui correspond à ce profil.


Littérairement, nutritivement, ben voyons, et bien câlinement vôtre


Libellés : ,

mardi, février 17, 2009

l'image de ce que je trouve et l'image de ce que je fuis



"Si quelqu'un aspire à rendre mon livre vivant il s'agit pour lui de ne pas se laisser retenir par les séductions qu'il y croit découvrir. La plus émouvante est, à chaque étape de ma recherche, à la fois l'image de ce que je trouve et l'image de ce que je fuis. Peu importe qu'à une explication si vague l'intelligence trouve mal son compte."

Joe Bousquet, "Isis et Petite Fumée"


Avec une pensée spéciale pour Benoît, qui, lancé dans un merveilleux épluchage de Romain notre amour, réussit toujours à montrer que oui, l'intelligence y peut trouver son compte.

Libellés :

dimanche, février 15, 2009

vague égrénée par l'âme indocile




"C'est à ce moment précis qu'elle commencerait à onduler, dans le frémissement de cette quiétude dominicale rythmée par quelques pépiements, parfois les protestations d'un chien qui se sent oublié, sa plainte vite suivie par celles d'autres, il y a tout près cet homme, d'abord pas vu, son corps fondu dans l'horizon d'un banc, aussi un saladier vide, tout ce qui s'était dans un premier temps frotté à une râpe décidée a disparu, englouti distraitement pendant que la lecture occupait l'espace; lire le magazine qui a voyagé jusqu'ici sous le bras, soumis à un équilibre bien précaire, lire les ombres somnolantes tapissant cet abri, lire la rangée d'arbres trop sages longeant le mur; oui, c'est à ce moment précis, les confidences des vagues et du sables, aimées cette semaine, voltigeant sur la face-cœur des paupières, qu'elle commencerait à onduler, cette phrase, ne souhaitant plus jamais s'aplanir, mais consciente dès son entame qu'il s'agira, malgré tout, d'assez vite y consentir; pour caresser le rivage où d'autres mots lézardent, afin, vague égrenée par l'âme indocile, d'aboutir, plutôt que de s'échouer, sur cette rive imparfaite, puis d'y attendre avec une douce ferveur l'arrivée de frères et soeurs d'écume, enivrés par les flots, écrivant une symphonie imaginaire, ressac de notes éternelles suggérant la belle errance, folle, d'une famille portée par un Océan de paroles vagabondes."

Libellés : ,

une parole qui se meut, qui s'émeut





D’où est-ce que je pars, pour écrire, étant acquis qu'où je vais, je n’en sais rien, je n’en peux rien savoir ?!?


Même question à l'origine de l’élan qui me porte vers l’autre ; vers vous.


Puisqu’il s’agit de recommencer, de renaître, chaque jour, alors se demander depuis qui, depuis quoi.


Je ne pouvais pas ne pas me poser la question du corps, pendant mes heures auprès de Béatrice.


La question du corps ?!? Non, cela ne veut rien dire.


La question de ma relation au corps, à mon corps, et, dans une infime mesure, à celui des autres, à ce qu’ils (m’)en découvrent.


Pas d’autre ambition possible.


Elle est déjà immense.


Pour me donner des pistes.


Pour découvrir, dans le double mouvement de ce verbe fascinant, celui d’enlever, de retirer la couverture reposant sur le lit d’images qui nous harcèlent ; celui de trouver, de mettre en lumière ce qui aimerait, ou parfois pas, qu’on le décèle.



Il y a beaucoup à dire, beaucoup à ne pas dire, aussi, probablement.



J’ai déjà demandé à plusieurs personnes, depuis peu, de me parler, s'ils s'en sentaient les moyens, s'ils osaient, du corps, de leur manière de le percevoir, des interactions entre leurs pensées, leurs envies, leurs rêves, par nature infinis, et leur enveloppe corporelle, qui les relie à leur finitude.



C'est une parole qui se meut, qui s'émeut, si vous avez un moment pour y réfléchir, pour poser, sur papier électronique, vos ressentis, vos idées ou impressions , à ce propos, et que vous m'accordez votre confiance, j'en serai très touché.

Libellés : ,

samedi, février 14, 2009

un effort arraché à l'ombre





« C’est un essaim de noirceur qui bourdonnait, juste en dessus de votre tête ; elle était bien dense la danse du ciel, vos mouvements semblaient englués, chaque respiration était un effort arraché à l’ombre.


Cependant, attisant votre regard, vous l’avez vu, au loin, cet éblouissement qui s’offrait.


Il avait cette insouciance scintillante du rire des enfants.


Il avait d’abord fallu le deviner, l’apercevoir, ténu,


il laissait entrevoir la possibilité d’une autre tenue,


il offrait une peau différente, plus celle de détenu.



Petit à petit, l’éclat s’est imposé, il a aménagé son espace dans un angle du monde.


Ici jamais il ne vacille.


Il épie le dépit, s’en méfie.




Il t'a offert son épaule,


récolte l’espoir qu’il a semé, et fuis. »


Libellés : ,

jeudi, février 12, 2009

à l'extrême lisière



u
a

"[...], et puis il me paraissait qu'écrire c'était ça, rôder, errer autour de ces lignes invisibles, ces endroits infiniment ténus où à chaque instant, chaque jour des milliers de fois la vie jouxte et côtoie la mort, une pluie, un pan de ciel, un silence soudain, et alors on se trouve là à l'extrême lisière tantôt d'un côté tantôt de l'autre et c'est à peine si ça fait une différence. C'était essayer de dire ce qui se passe, ce qui peut se passer ou ne se passera jamais entre le moment où l'on naît et celui où l'on meurt, si bien qu'on commence et ne s'arrête plus, on est comme obsédé par le temps, la fin des choses, d'impossibles fins, d'impossibles commencements [...]"


Michèle Desbordes, "Les Petites Terres"

Libellés :

mercredi, février 11, 2009

notre merveilleuse insignifiance





Le plus près possible, pour épeler ce pré d'impossible, afin de le sentir rugir dans tout mon corps ; sans m’engouffrer dans le vertige.


Trouver des nouvelles de Corinna Bille et un roman de Maurice Zermatten à Cascais, voilà qui avait un parfum décalé qui me plaisait.


Les lire sur des falaises ajoutait au surréaliste du scénario.


Inatteignable, j’étais, comblé d’absolu à ma petite échelle de jardinier des mots.


Et, soudain, un éclair qui part de la nuque pour s’abattre sur l’entier du corps.


Où suis-je, qui suis-je ?!?


Les pulsations hésitent entre arrêt et explosion.


Que s’est-il passé ?


Je l’entends alors éclater de rire.


C’était son salut, énorme claque sur l’épaule de Frère Océan pour marquer mon aventure aux limites du déferlement de sa puissance.


Cet extrêmiste de l’âme s’était joué de la mienne, qui prétendait déambuler à dos de cerf-volant.


Il est ici question de l’épisode premier, samedi dernier.


Nous y sommes retournés, hier, avec Cloé, pour explorer le deuxième acte.


Nous avions prévu de passer la journée dans les ruelles lisboètes, nous parlions de sujets qui nous tourmentent, posés tranquillement sur le fabuleux miradoures de Graça ; j’ai alors senti, dans ses yeux et dans le brouillard de son ventre, que lui seul pouvait, bien mieux que moi, l’apaiser.


Nous sommes donc allés caresser les rugissements qui recentrent, sur soi, sur notre merveilleuse insignifiance universelle.


Cloé est un tourbillon encore bien plus fou et moins organisé que moi, donc cela donne de sacrés coups d’éclat quand nous sommes ensemble.


Là, puisant dans cet horizon indomptable, elle ne savait plus ce que voulait dire s’agiter, elle flottait.



Libellés : ,

dimanche, février 08, 2009

Par-delà le morcellement

Dans le morcellement qu’était la famille, quand je mettais des pantoufles pour aller à l’école, et après, surtout, les nids de plusieurs amis m’ont dessiné une place merveilleuse.


Des endroits où j’arrivais toujours avec l’impression d’être comme chez moi.


Ce sont des témoignages d’amour qui n’ont pas de prix, des moments de mon existence qui m’ont permis de me constituer, des mains tendues qui ont participé à mon envol.


Sans eux, cette liberté immense que je sens souffler, en moi, ne serait peut-être pas.


Une de ces personnes s’en est allée, hier, je l’entends encore me saluer de sa voix reconnaissable entre mille, je me vois le taquiner, souvent bronzé et souriant qu’il était, lui demandant de m’expliquer lequel de nous deux était le bougnoule.


Béatrice m’a envoyé un message magnifique, en réponse notamment à une de mes questions sur Exit, dans lequel elle m’a déroulé cette citation de Bobin : « Ils ont peur de la mort plus que tout, mais ils ne voient pas qu’il y a plus redoutable : une vie sans amour ».


Le merveilleux monsieur, qui a fermé les yeux, hier, a aimé, et est aimé, j’en suis certain.

Libellés :

vendredi, février 06, 2009

le meilleur moyen de ne pas se perdre





Nous avons tous un petit ange gardien, vous savez ?, celui à qui nous parlions souvent, enfants, avant de nous endormir.


C’est Elisabeth Kübler-Ross qui le dit.


Elle n’est plus parmi nous, alors je ne peux pas lui expliquer que, personnellement, à cause d’adultes peu consciencieux ayant eu la mauvaise idée de faire défiler les Gremlins devant mes yeux alors que je n’avais pas quatre ans, je ne parlais qu’à ma lampe de poche et à ET.


Les seuls en mesure de me sauver, le cas échéant.


Même qu’une de mes plus terribles tristesses, et aussi une des premières éclatantes manifestations de l’imbécillité des "grands", avaient eu lieu quand un des mes oncles avait dessiné une moustache à ET, avec un stylo indélébile.


Le débile, dans cette histoire, n’étant ni le stylo, ni ET, qu’on se comprenne.


C’est assez fascinant, la mémoire, même quand elle n’est pas trop mauvaise, comme je crois que c’est le cas chez moi (c’est là que je dois toucher du bois ?!?), et que l’on n'a pas trente ans.


Je m’en rends très précisément compte depuis un mois où je tente de démêler méticuleusement (bon, d’accord, ça je suis incapable de faire…), ou plutôt méthodiquement (comment ? ça non plus je ne peux pas ?), mes trois dernières années.


Kübler-Ross, donc, c’est un des personnages qui s’invitent dans les pages que je griffonne. Il y a d’autres invités d’honneur : Paul Watzlawick (répétez le dix fois, très vite, juste pour arrêter de faire les malins), Daniel Barenboïm, Milan Kundera,…


Tout un aréopage (contraction d’aéroport et de plage, enfin je crois) de gens qui ont animé nos discussions avec Béatrice.


Et Romain Gary ? Je sais même pas c’est qui…


Il écrit ? Ah bon…


Ouais, il y a plein de bonshommes et plein de bonnes femmes, des sympas et des pas du tout, qui viennent tournoyer sur mon écran.


Comme vous pouvez le constater, je suis fidèle à cette vérité lumineuse qui dit que le meilleur moyen de ne pas se perdre et de ne pas savoir où l’on va.


Je vais bien finir par retomber sur mes pattes, encore que pas trop fort, parce que ma douleur mystérieuse de l’automne dernier se rappelle à mon bon souvenir, ces derniers jours.


Les anges n’ont pas de sexe, paraît-il, eh bien le mien, celui à qui je m’adresse quotidiennement, en a un, qu’il défend et revendique à merveille, d’ailleurs. Il a une chaise roulante rouge magnifique, aussi.


Comme je me dis que ceux qui sont encore là ne sont plus « à ça près », comme on dit, je vous soumets ce qui sera peut-être le début des pages à venir.


L’interaction et la « confrontation » avec vos regards de lecteurs me sont précieuses.





« Je ne regrette rien de ma vie d’avant. »


Nous sommes en 1986, Télescope, une émission de la télévision suisse romande, commence avec cette phrase. Il s’agit d’un documentaire sur la sclérose en plaques. La voix qui la prononce, tout de suite familière, tout de suite chaleureuse, est celle de Béatrice Renz.


Portant ces mots, il y a un regard à la sérénité troublante, il y a une femme à la beauté lumineuse.


Lumineuse, j’utilise ce terme à dessein, parce qu’une des expressions que j’ai le plus souvent entendue, concernant Béatrice, est « rayon de soleil ». Une image qui ne suffit pas, une image qui, à mon sens, masque plus qu’elle ne révèle.


Simplement considérer sa prestance comme « une leçon de vie » parce qu’elle est heureuse « malgré » la maladie, c’est passer à côté de la manière, rare et importante, dont elle considère la vie, chaque vie.


Lumineuse, donc ; oui, mais il s’agit de s’imprégner de cette vérité plus avant, de survoler quelques scènes de son existence. Non pas pour prétendre comprendre, laissons compréhension et explications aux spécialistes, mais pour tenter de sentir.


« Aujourd’hui, je trouve que ma qualité de vie a augmenté. Quand j’étais petite, bon, j’étais la petite fille super sportive, souriante, mais cela s’arrêtait là. Maintenant, ma vie est plus profonde. »


Le documentaire se clôt sur cette affirmation.


J’ai appris à connaître Béatrice, pendant un peu plus de deux ans, grâce à une complicité et une amitié énormes, privilégiées. J’ai pu alors constater toujours davantage combien ces paroles ne sauraient être mieux choisies.


Les pages à venir vont tenter de dessiner notre rencontre, ainsi qu’une partie de la chorégraphie permanente qu’est son existence.

Libellés :

jeudi, février 05, 2009

Un oui qui...



En fond d’écran, c’est un petit gars, parachuté sur terre par l’élan d’amour d’un couple indonésien, qui vient entretenir mon regard.


Quelques légumes se devinent, derrière, mais c’est lui, incontestablement, qui me nourrit.


D’autant plus que, ces jours, j’ai opté pour une diète bienvenue, beaucoup de thé, un peu de café, des pommes, du raisin, du jus d’orange et quelques bols de céréales. C’est que, lorsque Juliane était là, nous avons spécialement profité des délices gustatifs qui racolent de partout.


Nous avons « traînassé » (un peu trop, d’ailleurs, ce qui fait que j’ai déjà terminé les trois livres qu’elle m’avait amenés…) avec plaisir dans deux endroits qui seront désormais des incontournables pour mes prochains visiteurs : la Casa do Alentejo et la Cervejaria Trindade.


Elle est repartie avec l’envie de revenir très vite, ce qui me réjouis, mais aussi avec mon enveloppe de vote. Eh oui, ce dimanche, ce sera votations en Helvétie.


Elle s’en est donc allée avec mon oui pour la reconduction de l’accord de libre-circulation des personnes conclu avec l’UE, et sur son extension à la Roumanie et la Bulgarie.


Un oui qui, dans mes yeux, respire les gestes de génie qui naissaient des pieds d’Hagi et de Stoitchkov.


Un oui au parfum du stade de la Maladière, où je pouvais rentrer gratuitement, à l’époque, pour m’émerveiller des exploits de Petar Alexandrov et de Trifon Ivanov.


Un oui qui chante mes futurs vagabondages à Sofia et à Bucarest.


Un oui qui rêve de fondues et de raclettes avec les enfants de Gheorghe et de Hristo.


Un oui qui aimerait apprendre comment dire : « j’ai mangé à rebouille-mou et du coup j’ai plus d’acouet », en Roumain et en Bulgare.


Un oui qui se veut d’ouverture à l’autre, mais qui, au final, sent surtout le bon gros jambon économique, cette sphère économique qui saucissonne le politique.


Pas l’impression d’exprimer quelque chose de très glorieux, en optant pour le oui, non, franchement, plutôt la sensation qu’une fois de plus, je suis invité à prendre position sur un échiquier ultra-compétitif, où la privatisation est reine, que je n’ai pas choisi et qui me donne envie de vomir, souvent.


J’aimerais que ce oui soit chargé d’une symbolique positive, au même titre que le refus suinte la peur et la défense de ses fesses, petites ou grosses ; mais il n’en est rien, ce oui, c’est du pipeau, rien que du pipeau.


Le même jour, à Yverdon, les citoyens sont appelés à se prononcer sur une vidéosurveillance à la gare.


Une belle journée, dans les urnes, définitivement, une gaieté dominicale qui réchauffe les coeurs.


Libellés : ,