katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

dimanche, juillet 29, 2007

Oeuvre d'un virtuose du fiasco, l'homme a été raté sans doute, mais raté magistralement.

Aspiration.

Un dimanche à la toiture mitigée, deux livres, on ne saurait rêvé plus bel objet de piété, sont le chapelet de ma journée sainte dont j’égrène les pages au gré de mes envies, bercé par un bol de café qui me détourne régulièrement des lignes, m’invitant à méditer sur leur contours.

Une église incontournable d’Avignon, la librairie « La mémoire du monde », a glissé dans ma besace « Le commandement » de Michèle Desbordes, je couple donc mes inégales prières à cette prose musicale qui émeut tant mon âme d’ami des thés.

Des thés à la menthe areligieuse.

« Les ombres, le vent et les odeurs portées par le vent, tout nous dit que les histoires sont là pour longtemps, pour toujours peut-être, et si nous venons à l’oublier une bourrasque, un souffle d’air mouillé des pluies qui arrivent nous rappellent que ce qui doit revenir revient, comme reviennent les hivers et les brumes de novembre, tout ce qu’avec le temps nous finissons par redouter. »

Respiration.

Le second ouvrage (« La chute dans le temps » de Cioran) qui se joint à mes incantations dominicales est moins aéré, moins éthéré, on en sort au contraire avec une impression d’être enterré, entraîné malgré soi, contre soi, par la fuite dans le progrès de notre monde civilisé, dans la recherche incessante du mieux qui nous a fait oublié le bien, pas un bien empreint de moralité mais un bien tourné vers soi, un bien qui se noie aujourd’hui entre ésotérisme et manuels de savoir-vivre.

Un bien-être qui s’est bien fait avoir par le biens-avoir.

« Nous sommes là pour nous débattre avec la vie et la mort, et non pour les esquiver, ainsi que nous y invite la civilisation, entreprise de dissimulation de maquillage de l’insoluble.»

Inspiration.

Il est pas très drôle le katchon aujourd’hui, non mais franchement, il pourrait tout de même faire un effort, je sais pas moi, aller courir un bout histoire de revenir un peu plus détendu.

Expiration.

Mon seul « impératif » du jour était de rédiger quelques lignes de présentation pour deux potes qui mettent sur roue un service de coursier à vélo (spécimens de taille passe-partout, plutôt de nature souriante, qui fait de l'efficacité son maître mot afin de se présenter comme l'alternative proprement (eh oui) indispensable aux moteurs en surchauffe), je me suis acquitté de ma tâche de manière non conventionnelle, ce qu’ils souhaitaient, mais probablement avec moins de « retenue » que ce qu’ils espéraient.

Qu’à cela ne tienne, ils picoreront ce qui leur semble utilisable, je vais pour ma part effectivement aller m’aérer l’esprit en faisant quelques foulées.

Je vous laisse sur un autre passage de Cioran qui servira de compliment à mes pieds, parce qu’il faut les motiver ces petiots.

"L'usage des jambes étant aboli, le marcheur, au milieu de ces paralytiques au volant, a l'air d'un excentrique ou d'un proscrit; bientôt il fera figure de monstre. Plus de contact avec le sol: tout ce qui y plonge nous est devenu étranger et incompréhensible. Coupés de toute racine, inaptes en outre à frayer avec la poussière ou la boue, nous avons réussi l'exploit de rompre non seulement avec l'intimité des choses, mais avec leur surface même. La civilisation, à ce stade, apparaîtrait comme un pacte avec le diable, si l'homme avait encore une âme à vendre."

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jeudi, juillet 26, 2007

Partout sauf sur le pont

« Traverser une rue pour s’enfuir de chez soi
seul un enfant le fait, mais cet homme qui erre,
tout le jour, par les rues, ce n’est plus un enfant
et il ne s’enfuit pas de chez lui. »

Ces mots de Cesare Pavese reposaient, auréole de douceur, sur les têtes de Raoul et moi pendant notre petit périple en Avignon.

Tout content, samedi matin, je pensais pour une fois à prendre le chargeur de mon appareil photo. Seul hic, constaté dans le train, l’appareil n’était pas dans le bon sac.

C’est quoi un bon sac ?!?

Je ne sais pas, mais, sur ce coup, j’en étais un sacré, de sac, dirait ma grand-maman chérie.

Dans le train, « Demande à la poussière » de John Fante, bien, mais l’extrêmement élogieuse préface de Bukowski m’avait trop promis, sans même le savoir.

Une fois terminé, je glissais vers tout autre chose, « Le désarroi » de Remy de Gourmont (que l’on doit aux superbes éditions du clown lyrique), avec moins d’attentes mais un plein bol de curiosité.

« C’était la jeunesse dans toute sa glorieuse bêtise, faisant l’amour comme on apprend à nager, exerçant ses muscles et d’abord ceux de la parole et du cri, particulièrement estimés chez les peuples libres. »

Après quelques pages, je me savais en bonne compagnie.

« Car, s’il faut vivre, il faut vivre libre, - et quelle plus affreuse prison qu’une conviction, quel plus terrible bagne qu’une croyance ? »

Il ne m’en a pas fallu beaucoup plus pour être pleinement convaincu par cette prose magistrale au service de propos anarchistes sulfureux bienvenus.


Hormis un chanteur un peu déjanté (http://www.myspace.com/davidlafore), tout seul avec sa guitare, nous avons plus lu que vu pendant notre séjour provençal.

Petit pas de course au réveil, immense et excellent petit déjeuner proposé par nos hôtes avant de franchir les remparts et de nous poser sur une terrasse avec livres et journaux.

Au festival, les artistes viennent à vous, nous n’allions pas nous en priver.


« - Le dernier degré de la littérature, c’est le silence.
- Le silence n’est jamais vide. C’est pourquoi il fait si peur. C’est ce qui t’arrive. »

Il y avait une adaptation de « Ma famille » de Carlos Liscano (http://www.lelitteraire.com/article1395.html) , j’hésitais à aller voir ce que cela donnait, j’ai préféré lire « Souvenirs de la guerre récente ».

Le problème du grand exalté que je suis, c’est que, dans une effervescence pareille, je n’arrête pas de tomber amoureux.

De Sylvestre et de sa collègue lorsque nous avons mangé en compagnie de Gandus et Pauline lundi soir, du musicien marseillais à l’air de rien qui nous a raccompagné un peu plus tard alors que nous étions sur le point de mettre nos principes dans nos poches pour rentrer en taxi, fatigue avancée des jambes oblige, de Chadia, responsable en communication d’une troupe qui, par la grâce d’un sourire, m’a pratiquement rendu aphone pour le reste du séjour, et, last but not least, de Raoul à chaque fois qu’il me gratifiait d’une de ses grimaces dont il a le secret.

Dans le tas, c’est le seul qui a dû subir mes ronflements chaque nuit, je lui dédie donc une petite pensée émue.

Pour le retour, je m’étais gardé « Patraque » de Frédéric Boyer, je n’ai pas été déçu.

« Ce qui nous distingue, nous les hommes, des individus des autres espèces vivantes, c’est que nous sommes des personnages. Des individus en permanence tentés par la représentation d’eux-mêmes. Avec des rôles, des habits, des fonctions. Des personnages. Toute l’humanité dedans. Les gens ne s’y reconnaissent pas et pourtant c’est eux, c’est bien eux. Quelle farce.

La littérature commence de cette façon.

Avec six milliards de coupables. »



Arrivé à Yverdon, je prenais le mauvais bus.

Il faut se réveiller petit bonhomme.




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samedi, juillet 21, 2007

Montreux, entre ombre et lumière.

Il y eut, à une période qui semble aujourd’hui bien lointaine, et pourtant, une mutation immense dans le support musical, le CD, deux lettres qui, d’une certaine manière, ont déjà fait leur temps, laissant désormais le soin aux artistes de composer avec I-Pod, Mp3 et autres téléchargements en tous genres.

Un des impératifs (autrement plus important que le côté purement marketing du DVD bonus ou autres boîtiers « design ») de ces termes sortis d’un mauvais film de science-fiction est, pour les gens qui vivent de leur musique, ou pas, de réinvestir pleinement la scène.

J’ai eu, en l’espace de deux jours, la chance d’assister à deux shows situés à des années lumières en manière de volonté de transmettre quelques chose de plus que son répertoire, quel qu’il soit.

Mercredi, le légendaire Wu-Tang Clan investissait le Miles Davis pour un show ridicule, malgré quelques morceaux ENORMES, petite goutte d’eau dans un peu plus d’une heure de sécheresse absolue. Les messieurs étaient là pour promouvoir leur prochain album, ce qu’ils ont fait en montrant 25 fois leurs T-Shirts accompagnés de cette pensée incroyablement profonde et poétique : « The power (il faut lire l’argent…) that you give to us, we bring that shit back to you ».

Ils ont réussi, après à peine une heure et demi de concert (même laps de temps de retard…), à terminer sur trois morceaux qu’ils se sont contentés de nous faire écouter sur platine.

Pitoyable. Dégoûté le Katch.

Et puis il y a eu hier soir.

Merci Keren Ann, Eric Truffaz, Abd Al Malik et leurs musiciens.

Madame a commencé tout en douceur, avec cette timidité qui lui confère un charme si particulier et cette voix qui a enchanté même ceux qui étaient là en curieux.

Puis Truffaz, accompagné d’un Ed Harcourt exceptionnel.

Voix et trompette se répondaient, orchestrées par des musiciens de rêve, pendant un temps indéfini et indéfinissable la grâce planait sur le Miles Davis.

Il allait être très, très dur de faire mieux que ça.

Mais un grand bonhomme, qui réussit à avoir la classe avec un simple survêtement de training, allait relever le défi avec brio.

Concert époustouflant où l’émotion du jeune banlieusard du Neuhof qui se retrouve dans une salle mythique, avec un Truffaz des grands soirs venus l’accompagner sur deux morceaux, s’est muée en deux heures d’hommage en tous genres, avec une note particulière concernant « un des plus grands MC de tous les temps », comme il s’est plu à le rappeler : Jacques Brel.

Quittant l’endroit aux alentours de 2h, après deux rappels mémorables, la chair de poule était encore accrochée à moi, marques d’un frisson continu qui avait commencé près de six heures plus tôt.

Grandiose.

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mercredi, juillet 18, 2007

Entêtant

Depuis le début de l’été, lorsque le temps le permet, je déambule équipé de chaussures aérées et aériennes (http://www.birkenstock.com/index_kl24.php), ce qui, ajouté à une perruque commençant à prendre une ampleur non négligeable et à une barbe scintillante, me vaut souvent d’être apostrophé par des « Hé Jésus ! » ou bien « Salut Moïse ! ».

Ces interpellations qui font de moi, ou en tout cas de ma dégaine, un symbole d’une chrétienté à réinventer (image autrement plus sympathique que celles véhiculées par les « Tiens voilà Ousama ! » dont on me gratifie aussi à l’occasion), me font sourire, malgré, ou plutôt grâce à mon détachement total du fait religieux.

Je répète souvent que je ne connais qu’une personne sur terre respirant la foi des pieds à la tête, il s’agit d’une des sœurs de mon père qui, littéralement, rayonne.

Elle n’a pas besoin de prêchi-prêcha, il lui suffit juste d’être là, avec un enfant dans les bras, un accroché à sa djellaba, un à qui elle dicte ses devoirs, tout ceci en faisant à manger et en me parlant avec le sourire.

Généralement, prières, progéniture et mari peu coopérant obligent, elle dort entre quatre et cinq heures par nuit.

Une musulmane fervente mais bien dans sa tête et dans son absence de chaussures qui ferait réfléchir bien des personnes adeptes de grandes phrases où les arabes sont noyés à toutes les sauces.

J’écris ceci en regardant Nigel Kennedy et son allure de DJ techno, ce qui me ramène à mon propos.

Je pense alors à l’étonnement d’une serveuse la première fois où elle m’a vu avec un sac de foot dans l’endroit où je m’assieds tranquillement, des heures durant, pour décortiquer livres ou journaux.

Ou à la tête de mes potes de basket un soir où je les avais invités pour manger une raclette chez moi et qu’ils découvraient que je n’avais pas de murs, mais uniquement des livres.

Ou encore à la moue des nombreuse personnes qui me demandent quelle formation j’ai pour assister Béatrice lorsque je leur murmure à l’oreille : « aucune formation, mais une absence que j’ai suivie avec assiduité ».

Voilà un élément qui devrait avoir une place de choix dans la vie : ne pas avoir la tête de l’emploi.

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dimanche, juillet 15, 2007











Inès a une année.

Pour fêter ceci, soirée surréaliste à Grandson.

Il fallait se battre avec les mouches qui avaient aussi très envie de profiter du buffet, mais, surtout, réussir à jongler entre différentes conversations venues de nulle part, mais de tous les côtés.

Un moment, alors que je me concentrais sur la paille qui, sortant d’une pastèque améliorée, me faisait face malicieusement, j’avais, à ma gauche, Sergio et Petchal qui me parlaient des bienfaits de la science-fiction et me vantaient les mérites d’Orwell et d’Asimov, en face, Routchon, l’heureux papa, qui décrivait la prestation calamiteuse de Sly without de family Stone à Montreux le soir d’avant, cela ressemblait, selon lui, à James Brown avec Alzheimer et 8 pour mille d’alcool dans chaque jambe, je me représentais assez bien le tableau, je n’avais qu’à regarder la tête de Jesse, victime de ce qu’elle appelle, avec un sens certain de la formule magique, « un lendemain d’hier », personnellement, mon vocabulaire s’abstiendra de décrire plus précisément ce visage en état de décomposition avancée, mais il me semble, depuis lors, qu’il y a des « hier » qui devraient être poursuivis en justice.

Au milieu de tout ça, Rocco, que j’ai connu pratiquement avant de savoir marcher, alias le cobra, ou croquignole, ou rokito, ou l’homme qui roulait les « r » avant d’apprendre à parler, qui n’arrêtait pas de me dire, les yeux brillants, qu’il avait bien fait de venir.

Tous les lecteurs du blog ne mettent pas des têtes sur ces noms, c’est peut-être mieux pour eux, mais, ce matin, alors que je me rends compte que je n’ai encore même pas bu un café, précieux allié pour essayer de remettre ma tête en état après des heures sur courant alternatif, j’avais juste envie de figer un tout petit bout de ces moments trop rares où disparaît la frontière entre délires magnifiques et réalité qui n’a qu’à bien se tenir.

Une assemblée de vieux punks et l’impossible se fait impassible.


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samedi, juillet 14, 2007

Je n’ai pas envie de trimballer mon ordinateur avec moi ce week-end, le soleil s’est rappelé à notre bon souvenir, apparemment même pour quelques jours, alors je vais plutôt essayer d’aller charmer le lac que de tapoter sur mon clavier bien aimé.

Il me reste donc une petite vingtaine de minutes pour mon billet du samedi, après je me glisse dans le bus.

Quand il fait un temps splendide, que le défoulement du corps prend le dessus et occasionne le refoulement de l’esprit, je tente tout de même de faire ma petite revue de presse avant de quitter murs et toits.

Hier, quelques paragraphes m’ont particulièrement réjoui, il s’agissait de l’éditorial du « Monde » daté de vendredi par Eric Fottorino (je mets le lien mais je ne sais pas combien de temps il est disponible : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-934694,0.html).

Il y parle de l’importance, non seulement d’une presse de qualité, mais de son indépendance qui, comme il le signale très justement, n’est pas « un acquis », mais « une conquête chaque jour renouvelée ».

Je copie juste sa conclusion, en vous invitant une nouvelle fois à détourner votre regard précieux des journaux gratuits qui, plus que jamais, semblent vraiment être la plaie infectée dont le journalisme, et avec lui, à mon sens, une certaine notion de la citoyenneté, ne se relèvera pas.

« Donner à comprendre, avoir "question à tout" autant que "réponse à tout", telles sont toujours nos ambitions, loin des schémas étriqués et stériles d'une pensée unique. Notre crédit est tout entier dans notre crédibilité. Notre métier est indocile, intranquille, irremplaçable dans une démocratie moderne. »

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mercredi, juillet 11, 2007



"Il n'y a pas de normes. Tous les hommes sont des exceptions à une règle qui n'existe pas. "



Pessoa

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dimanche, juillet 08, 2007

Confortablement installé dans un canapé sans âge, je déchiffre les poèmes orageux balbutiés par les cieux, des éclairs en guise de ponctuation me permettent d’aiguiser mon souffle encore assoupi.

Je viens de croiser Loïc qui rentrait d’une soirée arrosée sur un bateau dansant, respectivement encore et déjà très en verve, nous nous sommes gratifiés de quelques petites blagues bien pensées dont nous avons le secret.

Avant de se fondre dans son lit, il m’a dit qu’il me retrouvait dans deux chapitres.

La pluie vient de s’inviter dans le recueil céleste, balayant la poussière des parties de basket fiévreuses disputées hier après-midi au moment où je désespérais d’extraire des joueurs de la mollesse qui, alors que le soleil nous honorait enfin, semblait avoir pris le pouvoir.

Mais, fort heureusement, trois bonnes âmes se sont matérialisées pour me permettre de transpirer mon envie et ma faim de ballon.

Plusieurs éléments confus et diffus s’effritent dans ma tête depuis une escapade au NIFF (http://www.nifff.ch) avec Raoul et Raphu où j’ai, devant le second nommé effaré, avoué mon peu d’intérêt, voire même mon agacement, devant l’engouement suscité par la Coupe de l’America.

J’ai écrit quelque chose à ce propos, j’y entremêlais ma dernière lecture, le film que nous avons vu et mes délires, mais je n’étais pas convaincu par le résultat, alors je l’ai abandonné dans la tête dure de mon disque dur.

« Aucune réponse n’apporte l’ordre qu’on a imaginé et espéré. Einstein en faisait la remarque : même en s’efforçant de répondre à toutes les questions scientifiques possibles, notre problème n’aura toujours pas été le moins du monde abordé. Mais quel est notre problème ? Cette espèce de foi qui nous fait parler à partir de ce que nous pensons connaître de ce que nous avons de plus caché. D’où nous croyons extraire notre capacité de jugement et de décision. »

J’ai découvert Frédéric Boyer (http://www.pol-editeur.fr/catalogue/ficheauteur.asp?num=32) par un livre massue « La Bible, notre exil », une lettre ouverte en réponse à une menace répétée(« Quand vous serez crucifié nous verrons bien si vous préférez alors être éveillé ou être ressuscité ! ») reçue lors de la parution de la nouvelle traduction de la Bible éditée par Bayard en 2001.

Cette citation, extraite de « Nous nous aimons », résume assez bien une partie de ce que je voulais dire lorsque j’expliquais que, hormis les sommes nauséabondes engagées dans la si belle aventure d'Alinghi, il y a un certain culte de l’excellence, une poursuite de recherches (Il y a de l’eau sur la lune ? Non ? Génial !) à mon sens complètement hors de la vie, hors de « notre problème » comme l’écrit Boyer.

Où je ne le rejoins pas, c’est dans l’impression que, quelles que soient la beauté et la puissance de la formulation, nous puissions répondre à la question « Mais quel est notre problème ? » en deux lignes.

Toute la littérature mondiale n'est qu'une ébauche de réponse, ainsi en va-t-il de chaque note de Lhasa ou de tous les tableaux de Munch, mais LA réponse…

Elle s’effleure, elle s’entrevoit.

Gary a dit s’être accroché, pour continuer d’avancer, au roman et à la sexualité.

Autant pour moi.

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vendredi, juillet 06, 2007

Affligeante grisaille


Le corps, emporté par un élan estival, supplie de le dévêtir.

Les livres implorent d’être sirotés à l’ombre d’un arbre.

Le ballon de basket, amoureusement déposé au fond d’un sac à dos, trépigne d’impatience.

Le vélo, sagement posté contre un mur, prie pour prendre son envol.

Mais le gris aigri, armé de ses grigris, ignore toutes ces plaidoiries.

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mardi, juillet 03, 2007





"Je cherche une pensée aussi impliquée dans son penseur que le rêve peut l'être dans le dormeur. "



Pascal Quignard

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lundi, juillet 02, 2007

« Sois d’une oralité sans défaillance »

Déambulant au milieu d’une forêt de mots électroniques, ce matin, j’ai trébuché sur cette racine (http://tessons1.canalblog.com ).

Hier, mes lèvres libérant une phrase que j’aurais mieux fait d’avaler, je me suis vu confronté à deux yeux baignés de détresse, deux pupilles submergées par un tentacule diabolique accroché depuis l’enfance.

Les douleurs engendrées par la loi du silence, maître mot de la pieuvre toute puissante qui, en Sicile, se déplace d’amphore en amphore pour amasser une fortune composée de manipulations en tous genres, refaisaient surface devant moi.

« Sois d’une oralité sans défaillance »

J’étais une fois de plus renvoyé à l’inanité de mes brasses d’idées en eaux calmes.

Reprenant ma ballade en forêt virtuelle, il y a peu, je croisais alors la route de Deleuze (http://www.subversiv.com/doc/gauche/deleuze.htm), sa remise en cause de la notion de droits de l’Homme en faveur de celle, seule efficiente selon lui, de jurisprudence.

Elle peut quoi, la jurisprudence, contre la mafia ?

Il ne saurait y avoir de conclusion à ces lignes (peu motivantes pour un début de semaine, je vous l’accorde), alors je vais terminer avec ces titres de recueil d’ Aurelio Buletti (pêchés ici : http://www.culturactif.ch/viceversa/viceversa1fr.htm ), un poète tessinois qui me donne, une nouvelle fois, terriblement envie d’apprendre l’italien :

« Non ciascuno stupore è senza voce » / « Toute stupeur n’est pas sans voix »

« Pur nel modesto chiaro dell’esistere » / « Même dans la modeste clarté de l’existence »

« Immaginare che il tempo sia sfinito e scrivere cosa può succedere » / « Imaginer que le temps soit épuisé et écrire ce qui pourrait advenir »

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