katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

samedi, avril 28, 2007


Je songe alors à l’écriture, comme toujours, ou presque, aux mutations qui ont été siennes/miennes depuis qu’elle s’est affirmée comme mon plus sûr compagnon de fortune, exutoire, reposoir. Mémoire.
Mes yeux se sont brûlés tellement de fois, confrontés aux pages lumineuses façonnées par des écrivains déroutants qui virevoltaient à la suite d’un savoir inépuisable.
Mettre alors sur papier cette promenade où quête de l’enfance et de l’écriture se font une.

Se font nues, nuées de pensées qui se bousculent en moi depuis des années.

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vendredi, avril 27, 2007

J’ai passé, il y a quelque temps, une nuit dans la maison de ma grand-maman, cela faisait plus d’une année. Elle est maintenant chauffée « comme il faut ». Le froid confus, qui s’immisçait dans les endroits que la seule cheminée ne parvenait pas à envelopper de ses flammes, a disparu, remplacé par une chaleur généralisée répandue par le système centralisé. Un investissement qui raisonne un peu comme un effacement du passé. Un de plus. Probablement cela devrait-il rendre l’endroit plus accueillant, mais je ne parviens pas à m’y résoudre. Plus besoin, cela m’attriste, de ces « bouillottes » glissées amoureusement sous le duvet, petite empreinte de chaud dans le lit où un courant glacial se prélassait, métal qui brûlait la peau de nos petites cuisses alors que le reste du corps était frigorifié.

Se faire fœtus afin de devenir suffisamment petit pour fondre dans le nid dessiné par cet objet sorti d’un autre temps.

Plus besoin de bouillotte. Plus besoin de rien, décidément, précisément. L’abondance épuise nos vies, offre au gris la malchance de prendre le dessus. Je me réfugie dans l’écriture, terreau d’un repos serein qui s’oppose à la fatigue maladive, palette de couleurs infinies pour combattre et dénoncer la morosité.

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jeudi, avril 26, 2007


Permettre à l’imprévu d’entr’ouvrir la porte, se rappeler les couleurs rafraîchissantes de l’émerveillement, (re)devenir disponible.

Ce terme entendu comme un regard neuf, aéré, sur la kyrielle d’événements insignifiants mais si vivifiants qui se déroulent dans le théâtre de nos jours.

Je crois que c’est aussi cela la force sans égale que j’accorde aux livres, la capacité, sondant des êtres dans leur entier, refusant les tiroirs, d’éclairer le monde d’un peu plus, d’un tout petit peu plus de justesse.

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mercredi, avril 25, 2007

"Ne jamais s'exciter au mystère pour que le mystère vienne tout seul et ne trouve pas la piste brouillée par notre impatience d'entrer en contact avec lui."

Jean Cocteau

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lundi, avril 23, 2007

« Si l’on se demande comment l’humanité a pu penser à se transformer ainsi, il faut répondre qu’elle a agi comme tous les enfants raisonnables quand ils ont essayé trop tôt de marcher ; elle s’est assise par terre, elle a touché la terre avec une partie du corps peu noble sans doute, mais sur laquelle on peut se reposer. L’étrange est que la terre se soit montrée si sensible à ce procédé et qu’elle se soit laissée arracher, depuis cette prise de contact, une telle foison de découvertes, de commodités et de connaissances qu’on en crierait presque au miracle »

Je viens de passer un séjour merveilleux, un peu à l’extérieur du monde, beaucoup hors du temps.

Samedi matin, alors que je reprenais le fil de l’information quelque peu délaissé, je constatais que, de la Turquie aux Etats-Unis, il avait s’agit d’une nouvelle bien sanglante semaine.

Quelques lectures (« Les religions meurtrières » d’Elie Barnavi, « L’Homme sans qualités » de Musil (dont sont extraits les passages ci-dessus et ci-dessous)) et de fortes intéressantes discussions avec Thomas m’ont fourni de nouveaux « outils » pour affronter ces irréalités quotidiennes que l’être humain dissémine un peu partout avec délectation.

Les problèmes posés par l’institutionnalisation à outrance, les limites de la recherche perpétuelle de sécurité et de certitudes, la difficile compatibilité du terme de laïcité appliqué à d’autres religions que la chrétienne (seule à avoir tout de suite dû, par le fait de circonstances historiques spécifiques, distinguer pouvoir temporel et spirituel), tout cela prenait, en puissance, trop de non-sens et d’indécence.

Les dérives de l’intelligence sacrificielle ne plaidaient pas en faveur des droits de l’Homme.

Puis, un peu plus tard, après avoir assisté impuissant au viol dans les règles de lard d’une madame colvert par quatre de ses semblables, c’est l’entier du règne animal qui semblait méchamment battre de l’aile.

Aujourd’hui, journée mondiale du livre, je fais le souhait de me réincarner en arbre, peut-être aurais-je ainsi la possibilité de devenir, après coups de haches, quelques unes de ces pages qui dessillent les yeux.

« Cela n’existe plus, avança Ulrich. Tu n’as qu’à jeter un coup d’œil dans le journal. Il est rempli d’une opacité démesurée. Il y est question de tant de choses que cela dépasse de loin la capacité de pensée d’un Leibniz. Mais on ne s’en aperçoit même pas ; on a changé. Il n’y a plus maintenant un homme total face à un monde total, mais un quelque chose d’humain flottant dans un bouillon de culture général. »

Ceci a été écrit il y a bientôt cent ans…

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dimanche, avril 15, 2007


Je m'en vais détraquer les images à proximité de la mer, le plus loin possible de l'amer.
Mes doigts ne croiseront donc pas de clavier ces prochains jours.
Bien à vous

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samedi, avril 14, 2007



Le chemin et le ruisseau se confondent, mes pieds, partis à la recherche de leurs souvenirs, se joignent en douceur à ce baiser, lèvres d’eau et de terre avec lesquelles mes chaussures commencent distraitement à jouer. Les heures perdues ne le sont plus. Mon enfance, les jours passés à sillonner cette forêt, à en apprendre par cœur les moindre recoins, tout ceci, et tellement plus, se tient à nouveau à disposition dans mon petit baluchon accroché entre ventre et paupières.

Je dépose ma main sur ma poitrine, mes yeux se font nuit, les images sortent alors de leur cachette, accompagnées d’innombrables pépiements, d’odeurs improbables.

Longeant ces éboulis somptueux après avoir lentement parcouru le village, me vient à l’esprit ma tentative d’expliquer à un ami en visite comment fonctionne ce pays. J’avais bafouillé quelques mots, des détails grappillés chez le citoyen qui sommeille en moi, puis, vite, m’étais tu. Que dire de plus ?

Je sais comment marcher dans un pays, je n’ai de cesse de le faire, partout, mais comment marche un pays, voilà qui m’échappe.

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dimanche, avril 08, 2007




"C'est l'oeil qui fait la lumière"


Barjavel




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mercredi, avril 04, 2007

Une impérieuse envie d'écrire dangereusement

J’ai repris « L’Amant », j’en avais un vague souvenir de ma première lecture, il y a une quinzaine d’années, l’esprit tortueux de Duras m’avait à l’époque donné l’impression de passer à côté de quelque chose, mais je ne savais pas bien quoi.

Cette fois, je l’ai lu, puis relu, cette douleur sourde, cette tristesse fatalement inscrite dans ce corps d’enfant avec, pour seule certitude, l’écriture. Et quelle écriture.

Elle savait, voulait croire, s’accrochait à quelque chose qui ressemblait à ceci :

Un jour j’écrirai. Je chasserai la méchanceté de ce grand frère détesté et je rendrai hommage à mon petit frère, mon premier amour. J’enlèverai un tout petit peu du poids de cette pierre accrochée autour de mon cou en noircissant le blanc, l’innocence que je n’ai jamais connue.

Comme dans les bras de l’amant, le répit offert par sa plume n’aura toujours été que passager, le mal trop profondément inspiré, jusqu’à expiré.

« Là où croît le danger croît aussi ce qui sauve », cette citation est d’Hölderlin, je l’ai notée dans mon carnet une première fois le 23 novembre 2005, elle m’avait frappé parce qu’elle semblait exprimer à merveille mon impression sur la situation paradoxale vécue dans les banlieues enflammées.

Depuis, je l’ai croisée plusieurs fois, elle était chaque fois rapportée dans un contexte différent, mais elle éveille toujours une sorte d’urgence d’écrire, tout mettre de côté, me laisser porter par une musique qui me touche (actuellement Tété), et soigner le désordre qui s’amasse dans ma tête.

Je cogite aussi en compagnie d’Ivan Illich, j’y reviendrai, mais j’aime la manière dont le titre de cet ouvrage, « La corruption du meilleur engendre le pire », une somme d’entretien et une passionnante présentation d’Ivan le terrible, fait écho à cette phrase d’Hölderlin qui me suit depuis un peu plus d’une année.

Dans mes divagations du moment, ceci me fait penser à la féminité aussi bien qu’au socialisme.

Ecrire pour affronter le danger, ou au moins ses propres terreurs, en espérant que cela sera salutaire.

Sans garantie.

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"Quand nous contemplons la nature nous ne contemplons pas ce qui est devant nous; mais ce qui est en arrière de nous, en amont, en jadis, qui nous porte, qui ruisselle au travers de nous, qui nous enfouit encore en lui alors qu'il nous contient."
P. Quignard

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dimanche, avril 01, 2007


"Cette disposition palliait dans une certaine mesure l'impossibilité où l'on est de dire en même temps des choses qui sont pourtant saisies ensemble."

Claude Simon

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