katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

mercredi, février 28, 2007

Non mais!!!



Il y a un petit démon informatique qui masque parfois mes photos, je m'en excuse mais ne sais pas trop quoi faire pour y remédier...

Ah la la...

"Brûler sans me briser, voilà la grande leçon que me donne le monde, bien au-delà de nos frontières frileuses."

Joël Vernet

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mercredi, février 21, 2007

Kafka sur le rivage

Vendredi dernier, découverte de Venise, mes pupilles sont encore brûlantes d’avoir été exposées à tant de splendeurs, tout d’abord quelques mots échangés avec le soleil qui s’extirpait de le nuit, puis des sourires murmurés lorsque la ville s’inondait de couleurs carnavalesques.

Dans quelques jours, ce sera au tour des ruelles pragoises de faire scintiller mon imaginaire.

Hier soir, à nouveau suspendu aux rails, j’ai laissé fondre sur le bout de ma langue un livre au titre envoûtant, Kafka sur le rivage, qui fait écho à mes divagations ferroviaires à travers l’Europe.

Un garçon de quinze ans part de chez lui pour échapper à une terrible prédiction.

« Parfois, le destin ressemble à une tempête de sable qui se déplace sans cesse. […] Il n’y a que du sable blanc et fin comme des os broyés qui tourbillonne haut dans le ciel. Voilà la tempête de sable que tu dois imaginer. »

En alternance avec cette fugue racontée par l’adolescent en question, Kafka Tamura, une histoire aux contours flous se tisse lentement.

Haruki Murakami fait intervenir, dans cet éblouissant roman de formation, la musique de Beethoven et de Haydn, mais aussi celle de Prince ou de Radiohead, il parle de Hegel et de Bergson, de différents romanciers, japonais ou non.

Tout ceci avec légèreté, entremêlant délicatement espaces négatifs et positifs.

Cette nuit, ses personnages ont bousculé mes rêves, je pense que cela lui ferait plaisir.

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mardi, février 20, 2007


"Il y a des demi-heures qui durent toute une vie"

M.V. Montalban

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dimanche, février 18, 2007

Not in vain

Je reviens de quelques jours à Vicence, chez une dame dont je ne vous dirai rien, par respect pour sa pudeur, hormis qu’elle m’a lu, avec une grâce superbe, plusieurs poèmes, dont celui-ci, d’Emily Dickinson, il s’intitule « Not in vain », il est enveloppé d’un superbe voile d’innocence qui sied à ravir au petit trèfle qui m’a fait l’honneur de m’abriter sous ses quatre feuilles pendant mon séjour :

"If I can stop one heart from breaking
I shall not live in vain;
If I can ease one life the aching,
Or cool one pain,
Or help one fainting robin
Into his nest again,
I shall not live in vain."



Ces quelques lignes (dé)raisonnent/résonnent douloureusement suite à la fermeture d’un livre que j’avais pris avec moi, un ouvrage que je m’étais promis de lire il y a longtemps en ce qu’il m’était apparu, après avoir parcouru ses premières pages, comme un témoignage primordial et bouleversant à l’encontre d’une certaine bourgeoisie helvétique qui n’a pas mes faveurs.

Il s’agit de « Mars », de Fritz Zorn, le tableau est fixé d’entrée de jeu :

« Je suis jeune et riche et cultivé ; et je suis malheureux, névrosé et seul. Je descends d’une des meilleures familles de la rive droite du lac de Zürich, qu’on appelle aussi la Rive dorée. J’ai eu une éducation bourgeoise et j’ai été sage toute ma vie. Ma famille est passablement dégénérée, c’est pourquoi j’ai sans doute une lourde hérédité et je suis abîmé par mon milieu. Naturellement j’ai aussi le cancer, ce qui va de soi si l’on en juge d’après ce que je viens de dire. »

La seule manière, pour l’auteur de ces lignes, de ne pas mourir en vain, c’est d’exposer son malheur, de montrer comment, grandissant dans un milieu où, entre la haine du corps et la critique de tout ce qui touchait au peuple, il a été privé de sa vie, de la vie, et que, à trente ans, au moment où il rédige ce « testament », il n’a jamais été capable d’aimer quelqu’un, ce qui, d’après lui, suffit à justifier une mort précoce.

Pensant le préserver des autres, ses parents lui ont réservé une haine ineffable de lui-même et des « siens ».

Je pensais à cela, cet après-midi, longeant le bout de paradis qui avait conduit cet homme à l’enfer, me revenait alors avec éclat une des choses les plus précieuses que la littérature enseigne, enroulée ou non dans la fiction: dissimuler son humanité sous un statut ou sous une « réussite » n’est, lorsque l’on se retrouve confronté à soi-même, que de bien peu d’utilité.

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mercredi, février 14, 2007






Sauter pour se sauver ou se sauver pour ne pas sauter?!?
Des jours où il est difficile de savoir si on est grue, poubelle ou clocher.
Des jours où on ne sait pas pourquoi ça cloche.
Des nuits où on ne sait pas pourquoi ça poubelle autour de nous.
Mais, un matin, gruer dans les brancards en pensant à toutes les belles choses à bâtir.

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vendredi, février 09, 2007

Entre ombre et lumière


"[...] une âme qui veut, une âme qui sait l'inutilité du vouloir, une âme qui regarde la lutte des deux autres et en rédige l'iliade."

Remy de Gourmont

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mercredi, février 07, 2007

Le dieu du carnage

Hier soir, sur le coup de 20h, alors que j’étais sur le point de quitter la bibliothèque après une de ces après-midi comme je les aime, à m’épuiser dans les livres.

Découverte hypnotisante des « Enfants des morts », le dernier roman traduit d’Elfriede Jelinek.

Un Choc littéraire, incontestablement, traduction époustouflante, on y retrouve les jeux (pervers) avec la langue, la défiance du temps, la richesse du vocabulaire.

Lecture difficile, nécessité d'accepter d'être emporté par les tourments de cette prose torturée, bringuebalée.

Sur le coup de 20h, donc, je pensais rentrer, mais fais encore un crochet par les nouveautés, des fois que quelque chose m'ait échappé.

Effectivement, le dernier Yasmina Reza est là, j'enlève ma veste, m'assieds confortablement.

21h.

Elle est trop forte, part de rien, ajoute des petits riens, puis c'est la face obscure qui prend le dessus, avec un humour d'une noirceur très à mon goût.

Benoît m’avait transféré un entretien qui faisait très envie, j’ai pu (grâce à mes activités de « podcasteur » fou, merci Loïc !!!) écouter la dramaturge le 21 janvier, invitée qu’elle était à participer à l’émission « For intérieur », tout ceci m’avait mis l’eau à la bouche. A raison.

Quatre parents se retrouvent pour discuter parce qu’un des fils a tapé sur l’autre.

D’abord échanges "bateaux", courtois, puis, l’air de rien, une réplique, un mot, et tout dérape.

L’impulsivité reprend le dessus.

Et les enfants deviennent un désastre en puissance.

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lundi, février 05, 2007

Créateur d'indifférence

14 mars 1916

« Je vous écris aujourd’hui, poussé par un besoin sentimental – un désir aigu et douloureux de vous parler. Comme on peut le déduire facilement, je n’ai rien à vous dire. Seulement ceci – que je me trouve aujourd’hui au fond d’une dépression sans fond. L’absurdité de l’expression parlera pour moi.

Je suis dans un de ces jours où je n’ai jamais eu d’avenir. Il n’y a qu’un présent immobile, encerclé d’un mur d’angoisse. La rive d’en face du fleuve n’est jamais, puisqu’elle se trouve en face, la rive de ce côté-ci ; c’est là tout la raison de mes souffrances. Il est des bateaux qui aborderont à bien des ports, mais aucun n’abordera à celui où la vie cesse de faire souffrir, et il n’est pas de quai où l’on puisse oublier. […]»


Pessoa possède la langue, habite l’écriture, d’une manière à peine imaginable.

Pour que des lignes traduites dégagent une telle puissance, une beauté aussi aveuglante, alors même qu’il écrit sur une indicible douleur, il faut vraiment un génie démesuré.

Le plus étourdissant, à mon sens, c’est ce qui m’a également marqué dans la leçon d’acteur qu’est « Truman Capote », c’est le sentiment, non, la certitude, d’être un artiste hors du commun.

Avant même de se mettre à écrire, il y a cette évidence qui s’impose à eux, une sorte de flamme qu’il convient de déposer dans l’âtre, sans se brûler, mais au prix de quelles souffrances.

Suite aux commentaires de ma chère maman, la semaine dernière, je suis retourné me promener dans le jardin de l’intranquillité, il me semblait qu’il y avait un passage qui faisait un lien direct, au moins à mes yeux, avec les propos de Benoît.

Un extrait qui me semble être la meilleure réponse possible à ceux qui me demandent pourquoi l’enseignement et le social institutionnel ne me tente pas, ou plus, … et pourquoi j’écris.

« La devise que je préfère aujourd’hui pour définir ma forme d’esprit, c’est celle de créateur d’indifférences. Je voudrais que mon action en faveur de la vie consiste, par-dessus tout, à former les autres à sentir toujours d’avantage pour eux-mêmes, et toujours moins selon la loi dynamique de la collectivité. Former à cette antisepsie spirituelle grâce à laquelle il ne peut y avoir de contamination par le vulgaire, voilà ce qui m’apparaît comme le destin astral par excellence du pédagogue intime que je voudrais être. Que tous ceux qui me lisent puissent apprendre (même si c’est pas à pas, comme le sujet l’exige) à n’éprouver aucune sensation sous le regard d’autrui, devant l’opinion d’autrui- voilà un destin qui couronnerait de manière passable cette stagnation scolastique de ma vie. »

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samedi, février 03, 2007

Vive l'Amour, mais oui!

J'ai participé à un concours d'écriture pour la St-Valentin, la seule règle fixée était de ne pas utiliser le verbe aimer, le mot amour,...

Puisque je n'ai pas nouvelles, je pense qu'il n'a pas été retenu, peut-être a-t-il été considéré un peu trop "fleur bleue"?!?

Je vous laisse seuls juges:

« S’abritant en soi, tant bien que mal, tellement plus mal que bien, il est difficile de sourire au monde », voilà ce que j’aurais pu vous dire lorsque vous êtes venue me demander pourquoi j’avais l’air aussi triste, la première fois que je me suis assis dans ce bar sorti de nulle-part, il y a longtemps, tellement longtemps.

Mais, comme à chaque fois que la vie semble me tendre une main amicale, je n’ai rien pu faire d’autre que baisser les yeux pour pleurer sur le papier.

Je ne compte plus les pages que j’ai abreuvées de ma tristesse, mais mon regard reste vide, vide de sens, vide de larmes.

Malgré tous mes efforts, c’est ce regard que j’offre au monde.

Avec ces pupilles grises, désespérément grises, j’effraie le monde qui me le rend bien.

"Lorsque le désespoir s’est inscrit au plus profond de vos habitudes, le soleil ne trouve jamais de place sur votre visage", voilà une autre réponse qui aurait été possible, mais je ne sais plus ce qu’est la parole, un flot de mots continu se déverse sous ma plume, mais la parole me fait défaut.

On dit que l’on ne reconnaît pas sa voix lorsqu’on l’entend enregistrée. Pour ne pas la reconnaître, encore faut-il s’en souvenir.

Peut-être que vous lirez ces lignes un jour, ou peut-être que, comme toutes celles qui les ont précédées, je les brûlerai, lentement, me haïssant encore un peu plus, dans l’infime mesure où cela est possible.

Si elles parviennent entre vos mains, c’est que j’ai enfin décidé de disparaître, seul épilogue possible à cette vie qui n’en est plus une.

Je voulais que vous sachiez que le premier jour qui m’a vu prendre place sur la chaise qui vous fait face, il y a longtemps, tellement longtemps, devait être le dernier de mon insondable existence.

Votre sourire m’a maintenu en vie plus que je ne l’aurais jamais espéré.







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vendredi, février 02, 2007

Artist / hic

Comme toujours, il n’y a pas LA solution magique, cette espèce de chimère complètement folle que nous propose les différents partis à grand renfort de slogans abêtissants, ni pour ce qui concerne l’éducation, ni ailleurs.

Le plus aberrant, dans le cas présent, c’est de poser comme une nécessité sociale incontournable d’atteindre un certain niveau de formation, comme si le jour où il n’y aura plus que 5% de « personnes non qualifiées », la quantité de « mal-être », puisqu’en premier lieu c’est de cela qu’il s’agit, avait une chance de diminuer.

Il me semble d’ailleurs que si on fait le portrait-robot du dépressif suisse, soit la maladie bientôt la plus répandue dans nos belle contrées, il ne s’agit pas exclusivement d’êtres humains ayant échoué dans le sacro-saint cursus scolaire.

Hier, quelques pages après cette brillante analyse, il y avait un article sur un psychiatre genevois qui a mis en scène une pièce de théâtre, le monologue d’une femme « doublement blessée ».

Hormis une remise en cause que j’apprécie de la notion généralement admise de couple, de construction à travers l’autre, qu’il voit dans les ressources qui permettent à cette femme de ne pas se laisser ronger par la douleur :

«Cette capacité à préserver une part d'intégrité dans le bonheur comme dans le chagrin est une belle réponse face à l'augmentation des relations symbiotiques et donc destructrices que j'observe au quotidien»

Je trouve tout à fait pertinent le rapprochement qu’il fait entre les deux activités qu’il exerce et qui pourraient, au premier abord, paraître fort différentes:

«Pourquoi théâtre et psychiatrie? Parce que l'un nourrit l'autre et que le recours aux mots pour dire les émotions n'est pas une coquetterie, mais une nécessité. A la Clairière, prison pour adolescents où je travaille, je suis frappé de voir à quel point ces jeunes délinquants manquent de vocabulaire ou de moyens, comme le sport ou l'art, pour traduire leur malaise. Le passage à l'acte violent vient de là, de cette pauvreté d'expression.»

Peut-être y a-t-il en effet ici une ébauche de voie à suivre, une voix à entendre, donner une place un peu plus importante au côté créatif, mettre à disposition de l’enfant des moyens d’expressions plutôt que de lui remplir la bouche d’un savoir tout relatif qui l’étouffe.

Ecouter, en somme, au lieu de crier et d’imposer.

On en revient souvent à ça.

Juste pour terminer, simplement en passant, au cas où vous hésiteriez dans le choix de votre prochaine lecture, « Loin d’eux », de Laurent Mauvignier, de nouveau cette manière d'imbriquer les mots, d'entremêler les phrases, de donner à voir, grâce à un chaos organisé de pensées troubles, les douleurs et les silences de ses personnages.

Somptueusement terrible.

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jeudi, février 01, 2007

Economique, politique, cherchons le hic

« 3,9% des jeunes Suisses de 18 à 25 ans sont à l'assistance publique. La situation dans les villes est critique: près d'un jeune sur 15 bénéficie de l'aide sociale. »

Des chiffres, partout, toujours, pour relater, pour exposer.

« C'est la Conférence suisse des institutions d'action sociale (CSIAS) qui a livré ces chiffres alarmants début janvier. Elle a relevé que ce gâchis avait aussi des répercussions financières importantes: une partie de ces jeunes ne pourront pas se réinsérer, entraînant des coûts élevés pour l'aide sociale et, plus tard, pour l'assurance invalidité. »

Des coûts, des surcoûts, encore, pour éclairer, pour projeter, pour dénoncer.

« Jusqu'ici, la Suisse s'en sort comparativement plutôt bien: 89% des jeunes y obtiennent un diplôme du secondaire II, alors que la moyenne des pays de l'Union européenne est de 83%. Mais dans une économie très avancée qui laisse très peu de places aux personnes non qualifiées, ce n'est encore pas assez. C'est pourquoi la Conférence suisse des directeurs de l'instruction publique (CDIP) veut faire nettement mieux: elle s'est donné pour objectif de porter à 95% le nombre de titulaires de maturités et de CFC, et cela dans un délai de moins de dix ans. »

Des pourcentages, étourdissant, aveuglant, pour parler d’une réalité qui les dépasse.

Plus, toujours plus.

Mieux, encore mieux.

« Pour atteindre ce niveau, la pertinence des choix politiques de ces prochaines années est déterminante. »

C’est fou, j’aurais pensé que les décisions à prendre se situaient à un tout autre niveau.

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