katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

mardi, décembre 26, 2006

Un photographe peut en cacher un autre





















Passer un 25 décembre bien loin des sapins, à la recherche de la photo qui enchantera le boeuf et l'âne gris, voire, pourquoi pas, les rois (i) mages.






Beaucoup ri, pas mal glissé, on en a presque oublié de chanter.






Un Noël rempli de merveilles peu conventionnelles.






On en redemande.






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lundi, décembre 25, 2006

Supplément Livres de Libération jeudi, un article très intéressant sur Lionel Naccache qui publie « Le Nouvel Inconscient. Freud, Christophe Colomb des neurosciences », l’article de Natalie Levisalles est accompagné d’un entretien avec le neurobiologiste en question, je ne me prive pas du plaisir de vous en copier les dernières phrases :

« […] On peut se dire : on manipule des fictions, on y croit, elles guident notre vie, et, en même temps, elles sont illusoires, ce sont de faits de croyances. Et pourtant, du fait même qu’on y adhère, ces fictions nous permettent de gouverner des comportements, des décisions. Peut-être que notre seul ressort de liberté, c’est ça, cette illusion première. Notre liberté est quelque chose d’infime, mais c’est là qu’elle se joue, sur une illusion qui nous donne une toute petite marge de manœuvre. Cela relativise la notion de liberté, et pourtant, cette part de fiction est la source même de notre liberté ».

Bien sûr que, pour rejoindre mon post précédent, cette vérité est exploitée à l’extrême par l’écrivain, mais ce n’est pas cela qui m’a interpellé.

Ce qui m’a étonné, c’est que, si j’en crois l’article, considérer que Freud n’a pas découvert l’inconscient mais le conscient, que la psychanalyse représente « la place centrale de la fiction dans notre économie psychique », constitue une grande première, la mise en avant de « choses qui étaient sous le nez de tous – psychanalystes et neuroscientifiques -, et que personne n’avait vue avant lui, en tout cas pas aussi explicitement ».

Ah bon ?!? Eh bien moi j’aimerais rendre à Gary ce qui est à Gary, j’aimerais que ces personnes, et bien d’autres avec, prennent le temps, et le plaisir, de lire « Pour Sganarelle », un essai qu’il a écrit dans les années 60.

Cet écrit avait été un flop retentissant, il y attaquait, pêle-mêle, le Nouveau Roman, Sartre, la « naïveté » de St-Exupéry,… et il y exposait clairement sa définition de la psychanalyse, discipline qu’il n’a eu de cesse d’attaquer, en tout cas la toute puissance qui lui était accordée à l’époque, dans presque tous ses écrits.

Ses propos ressemblent, me semble-t-il, beaucoup à ceux de Naccache…


Voici deux extraits, je vous laisse retrouver qui a écrit quoi :

« Vu sous cet angle, le travail de la psychanalyse est un travail sur les fictions : on les recueille, on y fait attention et on essaye d’aider l’analysant à utiliser ses ressources fictionnelles pour retrouver d’avantage de liberté dans ses actions et pensées. »

« Lorsque le sujet se reconnaît dans le « personnage » de l’œuvre psychanalytique, lorsqu’il trouve en lui sa forme et qu’il peut ainsi se situer dans une logique, une « explication » intérieure à l’œuvre, mais qui entraînent entièrement sa conviction, la « guérison » s’effectue : le sujet sort de son magma informe et douloureux pour accéder à la lumière d’une réalisation. »

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dimanche, décembre 17, 2006

Une fulgurante beauté, se déplacer, grâce au baiser je ne sais par qui déposé, cadeau anonyme offrant une perception hors du commun, dans un microcosme somptueux à la luminosité parfaite, avancer dans un film de Wong Kar Wai, dans un enchaînement de photos aux couleurs langoureuses.

Ceci ne dure jamais bien longtemps, alors il faut en profiter, s'en imprégner le plus possible, cela m'est arrivé, à Berne, mercredi dernier, vagabondant d'une rue à l'autre, l'impression d'un regard net, précis, sur la ville, sur la vie y fourmillant.

Le lendemain, je prenais mon élan en direction de Bruxelles, destination encore improbable il y a peu, rendue indispensable par un nouveau chapitre de mon existence, chapiteau de ce cirque magnifique et tortueux qui abrite un clown lyrique en représentation chaque jour recommencée, chaque heure retravaillée.

"Recherche d'un personnage et d'un roman" peuplée d'une multitudes de personnages et de romans, nombreux, très nombreux ces derniers jours, trop nombreux peut-être pour mon petit coeur qui avait besoin de souffler un peu, mais il s'en remettra, pour sûr, par écrit, comment d'autre?

"Les soldats de Salamine", ce livre m'avait cloué (sans prétentions christiques, ni de ma part ni de la sienne, qu'on se le tienne pour dit), dans mon siège lors du retour de ma précédente, et unique jusque-là, escapade belge, j'avais donc pris le soin d'emporter "A la vitesse de la lumière", dernière parution de Javier Cercas, pour m'accompagner en rentrant, tous les footballeurs sont superstitieux, paraît-il.

"[Un écrivain] c'est aussi un type qui se pose des problèmes on ne peut plus complexes et qui, au lieu de les résoudre ou d'essayer de les résoudre comme le ferait n'importe quel individu sensé, les rend plus complexes encore. C'est-à-dire que c'est un cinglé qui regarde la réalité et qui parfois la voit."

286 pages avec ceci comme ligne directrice, voilà qui donne forcément un de ces livres dont on ne sort pas indemne, dont des pages entières vous embrouillardent la tête durablement.

Ian Mc Ewan, dans le dernier numéro de Transfuge, dit que "tous ces gens sûrs d'eux-mêmes devant la complexité du monde" le dérangent, voilà qui résume de manière limpide et admirable mon amour de la littérature et mon aversion pour la politique.

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lundi, décembre 11, 2006

Ma vie à part

En guise de réveil Ali Farka Touré, histoire d’ouvrir les yeux avec une note d’Afrique au creux des oreilles, ceci à 4h17, heure consacrée par Ian Thorpe, petit clin d’œil de milieu de nuit à milieu de jour en direction de mes amis des antipodes.

Jusqu’à 6h, lecture ou écriture, selon l’envie du moment, accompagné de thé vert, plaisir japonais qui a le mérite d’éveiller mes papilles gustatives.

Ensuite, pas de course soutenu jusqu’à la piscine, quelques détours pour que cela me prenne environ trente minutes, arrivée à bon port, ou plutôt bon bassin, traversées, également trente minutes, puis retour à la maison, jogging tranquille, un petit quart d’heure.

Crochet par la boulangerie, grand amateur de pains aux céréales que je suis, ramassage des journaux dans la boîte aux lettres, préparation du café, j’en profite pour allumer l’ordinateur, Benoît m’a écrit, straight from Montréal.

Je m’assieds alors, tartines, café au lait et « Le Temps » devant moi, il est 7h40, le jour pointe tout juste le bout de son nez, péniblement, ma journée n’a pas encore commencé, j’ai déjà fait un crochet par tous les continents.

Ma vie à part tient à peu de chose, à se lever tôt, certainement, à aimer le thé et le café, cela va de soi, au plaisir que me procure les lignes tracées avec mes pieds, armé de chaussures sans âge, qui sont parfaitement parallèles aux lignes que j’encre sur papier, ainsi que, last but not least, lire gloutonnement, bercé par toutes sortes de musiques.

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jeudi, décembre 07, 2006

Mais voir une vieille dame pleurer

Quelques tables, des chaises autour, une poignée de personnes esquisse le bruit de fond.

La pièce est assez grande mais il me suffit d'un seul regard pour que l'espace se réduise à un petit nid, un minuscule amoncellement de brindilles à l'effrayante fragilité.

J'ai simplement levé les yeux.

L'endroit n'est plus le même, l'orage se précise au fond de mes entrailles, la douleur est tellement manifeste que le puit des mots est asséché, la parole rendue vaine.

Tendre la main pour établir un pont avec cet îlot de tristesse, refuser de voir ce corps chétif écroué par les coups de la vie, cette existence qui a passé tellement vite et est à présent sur le point de s'échapper sans un bruit, comme par désenchantement.

Mais cette lueur d'apaisement est illusoire, les vagues de détresse continuent de venir s'échouer avec fracas sur les parois de ce coeur trop plein qui ne sait plus comment se faire entendre.

Les mots de Brel hantent mes oreilles, "mais voir un ami pleurer", cette chanson se grave en moi, l'ami mué en vieille dame sortie de nulle part.

Mais voir une vieille dame pleurer.

Les larmes ont hurlé longtemps, la poitrine semblait devoir continuer à se soulever sans fin, le désespoir s'indifférant du royaume des morts ou des vivants.

Ces images, comme tant d'autres, je ne peux pas, ne veux pas les chasser, elles sont imprimées du côté coeur de mes paupières, algues éternelles déposées sur la plage de mes jours, me rappelant la beauté du sable et le privilège de mes pieds nus.

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mardi, décembre 05, 2006

Sieste prolongée, eh bien oui



Mon ordinateur va devoir consentir à une petite remise à jour, mes difficultés avec la technologie et ses fruits, défendus ou pas, ne sont plus à démontrer, je risque donc de ne pas reprendre mon rythme de croisière avant la semaine prochaine.

Mais vu les expéditions (St-Moritz, Paris, Ste-Croix pour un camp avec des petits monstres, Lyon,...) qui m'attendent, ma plume aura l'occasion de réfléchir à haute voix, n'en doutons-pas.

Bien à vous.

samedi, décembre 02, 2006

Les avenirs

La lumière est là.

Je suis entré dans le café, la nuit encore dessinée derrière moi, puis une prose lumineuse est venue demander que la lumière soit.

La lumière est là.

Le froid s’amuse sur mon visage, une agréable mélancolie répond à ses avances, Yusuf Isam me murmure qu’il aime regarder les enfants jouer sous la pluie.

Je me sens bien.

Je viens de terminer « Les avenirs », le premier roman d’Hafid Aggoune, une jeune écrivain qui m’avait déjà émerveillé par son magnifique « Quelle nuit sommes-nous ? ».

Je me sens bien.

Ses deux livres sont plein de ronces, sa langue est superbe, travaillée comme une terre aride sur quoi on voudrait voir poindre la vie, elle donne l’impression de me voler mon âme tant elle enterre ma présence au monde, limitant mon présent à ces pages de feu.

Juste quelques lignes, pour commencer le week-end, pour faire scintiller vos pupilles :

« Je me suis avancé au bord du gouffre. J’ai pensé au peintre et à son oiseau minéral, parec que l’après-midi j’avais vu les pierres se mettre à vivre. Elles avaient battu des ailes devant moi sous l’effet de la lumière. J’ai écarté les bras en rêvant de voler. »

« Les mots étaient là, autre chose que des mots, une nébuleuse flottant dans le gouffre. Il me manquait les mots d’avant les mots. Maintenant, ils m’assaillent. Ils ont le visage d’un fond de puits, soufflés par un autre qui serait moi et dont j’ignore tout, sauf cette vois lisible qui les porte. Je ne sais pas ce que j’écris. Je ne sais pas ce que c’est, écrire ce livre. L’écriture me façonne dans le tremblement de sa gestation horizontale. Elle efface la peur de soi. Elle traverse mon sang. »

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