katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

vendredi, mars 30, 2007

Les Paradisiaques

"La baie immense de Naples s'éployait sans fin, l'entourait sans fin. L'air était chaud et il était mouvant. Nous respirions. Nous respirâmes. La falaise d'Anacapri devint soudain entièrement invisible au sein de la lumière.
On voyait encore un peu le promontoire de Sorrente qui s'effaçait doucement dans la vapeur que la chaleur du jour commençait à élever sur la surface paisible de l'eau"

Les volumes IV et V du Dernier Royaume de Pascal Quignard sont sortis en format de poche, excellente nouvelle, je suis de plus dans des dispositions d'esprit qui conviennent à merveille pour me perdre entre savoir, amour et Beauté.

Un labyrinthe déplié entre Jadis et Demain.

"L'amour est un sentiment qui ne se distingue pas du deuil: il est ce qui fait de l'image un fantôme."

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mardi, mars 27, 2007







"La vie se crée dans le délire et se défait dans l'ennui."
Cioran

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vendredi, mars 23, 2007

Le délicieux délire de la neige

Ce matin, la folie de la neige s’offre à nous, il se fait tard, de plus en plus tard pour accueillir l’hiver, mais Fribourg.

Alors Fribourg recouverte de blanc.

Je vais aller marcher un moment, libérer le lutin équipé d’un appareil photo qui se cache dans la poche de ma veste.

Une écharpe, des gants, mon T-shirt dans le pantalon, grand-maman a dit, un sourire floconneux, voici un équipement qui devrait réchauffer ma ballade.

Ensuite on verra, samedi et dimanche s’annoncent, je pensais être porte de Versailles pour le Salon du Livre, je serai finalement provincial, voire, si mes joutes footballistiques de demain tombent à la poudreuse, ferroviaire.

Plein d’images à caresser, de refrains à fredonner.

Le printemps est là, mais on ne le voit plus.

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jeudi, mars 22, 2007

Gros-Câlin

L’être humain, son absence, tourne autour d’un Gros-Câlin à venir, d’un impossible à surmonter.

Une question de tendresse, en somme, celle qui nous manque, surtout, parce qu’à ce niveau-là, il y a toujours un creux, une dépression immense.

Se lever, respecter son rôle, jouer le triste jeu des rues, des voitures, des bureaux.

Mais le cœur hurle, les yeux s’embuent.

Quelques heures avec Gary, et voilà, il faut bien accepter de fermer le livre un jour, une nuit, je ne sais plus, ma tête tourne, les pages aussi, revenir à la première, le sentir à nouveau qui nous met la main sur l’épaule, qui se débat avec la langue puisque pour dire ce qu’il y a à dire, pour dire tout ce qui nous crève les yeux mais qui est dans le fil continu de nos jours, dans le film muet de notre quotidien, il faut contourner ces paroles que nous réussissons si bien à détourner, à vider de leur substance nourricière.

Parvenir à nous faire rire en explosant des vérités pourtant tellement grises.

Mais la profondeur n’est jamais de mise, le « Je » doit toujours être dégonflé par l’humour.

Reste qu’en s’éloignant, le cœur encombré, on est dévoré par cet appel fraternel, par ce chant dédié à la faiblesse dont « on ne sait pas assez qu’elle est une force extraordinaire et qu’il est très difficile de lui résister ».

J’ai essayé de lire autre chose, depuis, je n’arrive pas, rien à faire, alors je me réchauffe avec des passages soulignés dans « La nuit sera calme » :

F.B. : Tu passes beaucoup de temps nulle part ?

R.G. : Beaucoup, mais au moins, j’en ai conscience, alors que la plupart des gens que je rencontre sont tellement installés et convaincus qu’ils sont chez eux, ici, que c’est effrayant … d’irréalité.

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mercredi, mars 21, 2007




"Le temps s'étire
Soirée de pluie printanière
Et moi je songe"

Natsume Sôseki

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mardi, mars 20, 2007

Normalement, je ne suis pas trop copain avec les généralisations qui, par nature, me semblent toujours abusives, ce qui fait de moi, parfois, selon mon humeur, un dialecticien un peu pénible. Je le concède.

Mais de temps en temps, cela m’est arrivé samedi soir alors que je voyais un monsieur très bien hurler sur ses deux enfants pour je ne sais quelle broutille, il y a des catégorisations qui s’accrochent à moi. En l’occurrence, je n’ai pu m’empêcher de me dire : « Qu’est-ce que ça peut être con un papa !!! ».

On peut sans doute psychanalyser ceci de manière très efficace, mais, pour tout vous dire, je pense plutôt, dans ces moments, aux maisons qu’il m’est arrivé de fréquenter étant enfant, et aujourd’hui encore, en priant pour que le mâle suprême ne soit pas là.

Le genre qui arrive toujours de mauvaise humeur, qui a de toute façon quelque chose à redire sur l’état de la maison, du repas qui n’est pas prêt, ou Dieu sait quelle chose importantissime.

Bien sûr que je connais des pères adorables, très peu, mais j’en connais quelques uns, alors j’ai un peu l’impression de ne pas leur rendre justice quand je tiens ce genre de propos débiles.

Mais bon, j’aime quand même bien me dire que, si je ne veux pas d’enfants, c’est parce que j’aurais peur d’être une trop bonne maman, ou une maman trop bonne.

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samedi, mars 17, 2007

Cela faisait longtemps...

Avec un titre pareil, je mentirais si je disais que ma curiosité n’a pas été titillée : « Zürich, ou les rêves fous d’une cité qui déborde de dynamisme. ».

Mais j’ai vite dû déchanter, il ne s’agit que d’un nouveau centre commercial, un endroit encore plus tout, wellness, discothèque, espace religieux (oui, oui, vous avez bien lu),…, le principe est le suivant : « miser sur la synergie pour permettre au client ou au locataire de combler tous ses désirs autour de la place centrale ».

Si c’est pas mignon.

Hier, dans le train, je discutais avec une des bibliothécaires de Fribourg, elle a été charmée un jour par mon petit sac à main, « très féminin », cela lui a fait plaisir qu’un homme « assume d’être accompagné par un tel objet ». Merci madame. Dans un livre, j’aurais pu imaginer être un personnage un peu désagréable et répondre quelque chose comme « Et vous ? Vous assumez comment de n’être accompagnée par personne ? ». Il y a beaucoup plus de rebondissements avec les héros un peu antipathiques. Je ne compte plus le nombre de fois, gamin, où j’ai regardé les Die Hard et Le dernier samaritain avec Bruce Willis saupoudré d’un cynisme élevé au rang d’art suprême.

J’ai croisé cette jeune fille par hasard, elle partait fêté une licence à Genève avec d’autres amies. Nous avons un peu bavardé, elle m’a servi le lot des craintes habituelles sur l’éternelle étudiante qui va bientôt devoir « rentrer dans le système », à quoi j’ai répondu que ma vie se proposait précisément d’être une démonstration que tout ceci, la peur permanente de tout, indifféremment, le besoin de sécurité, les risques terribles liés au marché du travail, ne sont, dans un pays comme la Suisse, avec un réseau comme le nôtre et des ressources personnelles à stimuler en permanence, que des chimères.

« En fait tu es un poète », m’a-t-elle répondu, manifestement très contente, commençant à me réciter des vers de Rimbaud. « Tu dois te priver de beaucoup de choses »…

Là je préfère de ne pas écrire ce qu’aurait rétorqué le personnage antipathique.

J’ai pensé à elle, ce matin, pas parce qu’on est pas sérieux à 17 ans et que je ne sais pas encore quand je vais le avoir, ces 17 ans, mais parce que le maire de la ville de Zürich a expliqué que le projet du nouveau culte consumériste en gestation est possible parce que « nous traversons une période d’optimisme, il est donc bienvenu de se tourner vers le futur ».

Elle avait raison, je suis à côté de la plaque, tout va bien dans le pays de la fondue et du chocolat.

Ma maman m’a écrit hier pour me dire que mes photos sont jolies, que je devrais faire une expo, ben voyons, plutôt au marché pascal de Bottens ou à la foire du slip à Vugelles ?

Elle a ajouté que mes textes lui manquaient, alors aujourd’hui je tire un peu en longueur, juste pour lui faire plaisir.

Demain s’ouvre à Fribourg le festival international du film, des projections venues d’un peu partout. En ouverture, « Darat », film du réalisateur tchadien Mahamet-Saleh Haroun, interrogé aujourd’hui dans « Le Temps » :

« Avez-vous été choqué quand, débarquant à Paris, vous avez vu que beaucoup de réalisateurs occidentaux s’amusent avec le cinéma ?

Ca m’a frappé. D’autant que certains cinéastes osent se vanter de ne pas avoir de message ! C’est un luxe et un schéma de pensée de personnes incroyablement opulentes. »


Cela a titillé plusieurs choses en moi, tout d’abord une évocation de, excusez mon côté vieux con, l’art contemporain, j’ai de nouveau été confronté à plusieurs productions géniales cette semaine, j’ai eu beaucoup de peine à me contenir ; secondement, ben voyons, un élément qui me tient bien plus à cœur, la parution de la nouvelle édition de Gros-Câlin de Gary/Ajar, magistralement présentée par Jean-François Hangouët.

Dans l’avertissement, il cite ce passage de Gary expliquant pourquoi il avait accepté « avec cette humilité généreuse qui le caractérise, à l’opposé de toutes les pédanteries d’auteur », les coupes souhaitées par l’éditeur :

« […] il est vrai que son côté « positif », son côté « message », lorsque mon personnage, transformé en python, est porté à la tribune du meeting écologique, n’était pas dans le ton du reste. »

Sentimentalisme et "messages" n’ont pas bonne presse, c’est dommage lorsque l’on voit fleurir, à toutes les sauces, des expressions aussi pertinentes qu’ayatollah de l’environnement ou intégriste de la culture.

On peut être d’excellente famille et se laisser aller à ces usages plutôt douteux de la langue française, ce qui me donne envie d’actualiser certains termes que je goûte particulièrement, cela suivant le même schéma un peu simpliste.

Cela pourrait donner quelque chose comme fiscaliste du social ou, pourquoi pas, courtier du féminisme.

Mon fil conducteur est bien mystérieux aujourd’hui, je vous l’accorde, c’est que je suis encore envoûté par un superbe article sur la nouvelle génération du jazz romand, qui, « si elle existe, ne dit ni la Suisse, ni vraiment le terroir, mais une certaine forme d’insolence nomade ».

Voilà qui me cerne sans doute mieux que le terme de poète, c’est marrant vu que je ne suis même pas sûr de tenir un instrument du bon côté si on me le tend sans précisions supplémentaires.

Grégoire Maret joue de l’harmonica, je n’ai pas la place pour copier tous les musiciens de génie avec qui il a travaillé, mais, d’abord, il a accumulé les baffes, « parce qu’il ne ressemblait ni à un Noir, ni à un Blanc, ni à rien de connu ».

« Quand on demande un jour à Pat Metheny (l’homme au monde qui vend sans doute le plus d’album jazz) pourquoi il avait engagé un harmoniciste pour la tournée de son album The Way Up, il répond qu’il ne voulait pas d’harmonica, mais qu’il voulait Grégoire Maret. »

C’est plutôt encourageant, lorsque, comme Gary, on cultive sa « bâtardise », et qu’on se retrouve, un jour, adulé précisément pour cette absence d’origines distinctes, cette multitude d’identités fuyantes.

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jeudi, mars 15, 2007

"L'égout c'est la conscience de la ville. Tout y converge et s'y confronte. Dans ce lieu livide, il y a les ténèbres, mais il n'y a plus de secrets. ... Le tas d'ordures a cela pour lui qu'il n'est pas menteur."

Victor Hugo

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mercredi, mars 14, 2007

"Fiez-vous au caractère inépuisable du murmure."

André Breton

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mardi, mars 13, 2007


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jeudi, mars 08, 2007




Trois définitions.

Le circuit, tel est le social.

Court-circuit la folie.

Hors circuit l'amour.

Pascal Quignard

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mardi, mars 06, 2007

Extrêmement fort et incroyablement près, Jonathan Safran Foer

Je pourrais éventuellement commencer en écrivant qu’il y a tout, dans ce roman, de l’imagination, de l’originalité, de l’humour,…

Je pourrais essayer d’expliquer comment, le lisant dans un café, je me débattais pour m’accrocher comme à des bouées imaginaires aux passages hilarants, histoire de ne pas me noyer dans les vagues abondantes qui, quelques lignes plus loin, prenaient naissance au fond de mes yeux, allaient mourir dans un endroit indéterminé de mon ventre.

« J’ai passé toute ma vie à apprendre comment ressentir moins. Chaque jour je ressentais moins. Est-ce cela vieillir ? Ou est-ce quelque chose de pire ? ».

Je pourrais écrire qu’il y un passage, une page, où ceci est écrit, qu’il faut donc le lire, et ensuite réussir à ne pas s’effondrer.

Je pourrais, par souci statistique, dire qu’il est impossible de répertorier toutes les lignes pour lesquelles cette remarque est valable.

Je pourrais remercier Benoît, puisqu’il n’a eu de cesse de me répéter toutes les qualités de cet écrivain de génie, qui, à même pas trente ans, nous offre ça. Chapeau bas.

Je pourrais insister sur ce dernier point, pas le chapeau, ou alors celui du Père Noël, sur le fait que c’est de cela qu’il s’agit, d’un présent sans équivalent, comme effacer Barbara et Brel de ses oreilles pour pouvoir les écouter à nouveau pour la première fois.

Je pourrais peut-être terminer sur le fait que, lorsque j’ai tourné la dernière page, ce matin, dans le train, essayant de garder contenance alors que, à l’intérieur, je débordais, j’ai dû faire un effort monumental pour ne pas prendre le livre dans mes mains et l’écraser sur la tête des deux personnes qui avaient pris place en face de moi, pensant manifestement que je parlais à un ami imaginaire lorsque je me suis permis de les saluer.


- Pourquoi les belles chansons te rendent tristes ?
- Parce qu’elles ne sont pas vraies.
- Jamais ?
- Rien n’est à la fois beau et vrai.

Elle a souri mais d’une façon qui n’était pas seulement heureuse et elle a dit :

- On croirait entendre papa.
- Qu’est-ce que ça veut dire, on croirait entendre papa ?
- Il disait souvent des choses comme ça.
- Comme quoi ?
- Oh comme
rien n’est si et ça. Ou tout est si et ça. Ou évidemment.

Elle s’est mise à rire avant de dire :

- Il était toujours très catégorique
- C’est quoi, catégorique ?
- Ca vient de catégorie. Ca veut dire certain.
- Qu’est-ce que tu reproches à la certitude ?
- L’arbre lui cachait parfois la forêt.
- Quelle forêt ?
- Non, rien.
- Maman ?
- Oui ?
- Ca ne m’aide pas à aller mieux, que tu dises que, quand je fais un truc, ça te rappelle papa.
- Ah. Pardon. Je le fais souvent ?
- Tu le fais tout le temps.
- Je comprends que ça ne t’aide pas.
- Et grand-mère dit toujours que certaines des choses que je fais lui rappelle grand-père. Et je me sens tout drôle, parce qu’ils sont plus là. En plus, ça me donne l’impression de manquer de personnalité.

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vendredi, mars 02, 2007

"Que l'importance soit dans ton regard, non dans la chose regardée!"

André Gide

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jeudi, mars 01, 2007

Que la campagne coule à flots

Un vent terrible. Un souffle glacial. Qui attaque. Semble vous traverser.

Ceci a commencé hier soir, terrain de foot boueux, pluie incessante.

L’endroit se situe à côté d’un port, les mâts des bateaux sifflaient un refrain de fin du monde.

Courir, sauter, jongler avec cette apocalyptique musique au creux des oreilles.

En fait non, ceci n’a pas débuté à ce moment, cette impression d’un air que je ne veux pas entendre mais qui s’accroche à moi.

J’étais à la campagne, endroit enfoui au plus profond de mon coeur, ne serait-ce que par la grâce qu’elle n’a eu de cesse de déployer pour colorer mon enfance.

Il s’agit d’une autre campagne qui martèle mes yeux et mes oreilles.

Une vague histoire de sarkophage et de royalties.

Ou comment la politique, qui m’irrite déjà en temps normal, réussit à se confondre avec le people, qui m’éprouve encore plus.

Jeux de pouvoir, mesquins par essence, qui s’invitent dans la cour de l’abrutissement, moisi de naissance.

Hubert Nyssen le dit mieux que moi :

« Et si nous reconnaissions que, dans ces temps d'élections, le sens des idées importe moins que leur style, leurs effets moins que leur tendance, et la vitesse plus que la réflexion ? On n'est ni au jardin d'Eden ni au jardin des supplices, mais au jardin des modes... »

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