De l'indignité du peuple, rien que ça
Depuis le 1er août et son envoi massif de missives visant à récolter des signatures pour expulser les grands méchants, forcément étrangers, qui se la coulent douce en Suisse, l’UDC n’arrête pas de faire parler d’elle, dernièrement pour une superbe affiche représentant les citoyens helvétiques en braves moutons, comme c’est flatteur, dont il s’agit de chasser les individus noirs, planteurs de couteaux.
Les belles âmes crient au scandale, parce que tout de même, ce n’est pas acceptable, voici une preuve de plus illustrant que Blocher doit être l’incarnation du Malin venu hanter nos belles contrées, un représentant de l’ONU a même demandé officiellement au Conseil fédéral de cacher cette scène atroce que l’on ne saurait voir.
Certains politiciens s’acharnent pour exiger la transparence du financement des partis, ainsi qu’un plafond empêchant la gauche d’être par trop pénalisée.
On discute en petits comités pour bouter le Diable hors du Palais fédéral.
C’est dommage, en bon populiste qu’il est, ce brave Christoph saupoudre les pingouins bernois d’un côté « people » très en phase avec notre époque de cervelles molles, il se moque bien de la collégialité du moment que sa femme (qu’il aime savoir, comme son bras droit Maurer, dans la cuisine plutôt qu’au travail) lui mijote de bons röstis, il sourit devant les caméras et n’apprend pas le français, pas besoin, il a des caporaux de service qui s’appliquent à répandre la bonne parole.
Je ne me sens pas en phase avec ce milliardaire aux idées arrêtées dont les disciples n’ont de cesse de proférer de énormités, et souvent des informations erronées, c’est le moins que l’on puisse dire, mais il y a une certitude, triste, mais certitude quand même, c’est que, même si l’expression fait sauter au plafond, il dit tout haut ce que pas mal de monde pense tout bas.
Arracher ses affiches, écrire à la présidente de notre injuriée Confédération pour qu’elle réagisse, manifester, pacifiquement ou non, faire circuler des messages électroniques indignés, tout ceci est bien joli mais « ne fait pas avancer le Schmilblick ».
J’y ai cru, j’y reviens, jusqu’à la votation sur les naturalisations facilitées où l’ampleur des mensonges de l’UDC et la « logique » du texte proposé ne m’avaient pas laissé une seule seconde envisager un refus du « peuple ».
Et pourtant, le « non » l’avait emporté, et, avec cette victoire, ou cette défaite, je me suis résolu au fait que bien que « la démocratie exige de la dignité », comme l’avaient mentionné tous les autres partis suisses, une moitié de concitoyens ne remplit pas ce critère.
Dans « L’angoisse du roi Salomon », Gary écrivait que le déclin de l’Occident s’explique sans doute par le fait qu’il n’y a aucune thèse, à la Sorbonne, sur la Connerie.
J’aime mieux en rire, et ne plus manger de cervelas.
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